Le PDG de Lactalis, Emmanuel Besnier, à l’Assemblée nationale, le 7 juin. / PHILIPPE WOJAZER / REUTERS

Le face-à-face était attendu et il s’est révélé être très tendu. Le PDG de Lactalis, Emmanuel Besnier, était auditionné jeudi 7 juin par la commission d’enquête parlementaire sur la gestion de l’affaire du lait infantile contaminé aux salmonelles dans l’usine de Craon (Mayenne). Une trentaine de nourrissons avaient été atteints de salmonellose en fin d’année dernière après avoir bu du lait des marques Picot et Milumel, produit dans l’usine mayennaise. Après plus de six mois de fermeture, l’usine a rouvert discrètement en mai dernier.

« Nous avons failli à notre mission, nous n’aurons jamais assez de mots pour nous excuser », a reconnu le tout aussi discret PDG de Lactalis, tout en affirmant qu’« il ne s’agit absolument pas d’une fraude. Nous n’avions pas connaissance de présence de salmonelle dans nos produits ». M. Besnier a ensuite évoqué « un accident », mais il n’y a, selon lui, pas de « responsabilité à l’intérieur de l’usine » de Craon.

« Nous avons fait des travaux au premier trimestre 2017 dans l’environnement de la tour numéro 1. Ces travaux ont libéré la salmonelle qui était à l’intérieur des bâtiments. »

Echanges tendus

Mais le ton est ensuite assez vite monté entre les parlementaires et M. Besnier. Les premiers reprochaient au second la tentative de Lactalis d’interrompre les travaux de la commission fin avril, avançant l’existence simultanée d’une enquête judiciaire.

« Allez-vous continuer avec vos conseils à essayer de torpiller cette commission ? », a lancé le président de la commission, Christian Hutin (gauche), en rappelant que dans cette commission « nul n’a intérêt à porter préjudice à ce groupe, nous souhaitons au contraire restaurer la confiance des consommateurs ».

« C’est insupportable de vous entendre », a estimé de son côté le député MoDem Richard Ramos, reprochant à M. Besnier d’avoir refusé de rencontrer l’association des familles de victimes. « Nous n’avons pas pu les rencontrer car nous sommes dans une procédure judiciaire », s’est justifié le président-directeur général.