Des employés de la filiale marocaine de Danone manifestent devant le Parlement, à Rabat, contre le boycott des produits de la marque, le 5 juin 2018. / FADEL SENNA / AFP

Un ministre marocain, Lahcen Daoudi, a présenté sa démission, mercredi 6 juin au soir, après avoir été vivement critiqué pour avoir pris ostensiblement parti contre la campagne de boycott de certains produits en cours dans le royaume.

Le ministre délégué chargé des affaires générales et de la gouvernance était apparu mardi soir à Rabat au sit-in des salariés de Centrale Danone, filiale marocaine du groupe Danone. Ces travailleurs appellent à la fin du boycott, qui menace, selon eux, leurs emplois – et dont le gouvernement craint qu’il ne nuise de manière globale à l’économie. Durant cette manifestation, Lahcen Daoudi avait jugé leur demande légitime.

C’est sa formation, le Parti justice et développement (PJD), qui a annoncé que le ministre avait présenté sa démission lors d’une réunion d’urgence de son secrétariat général tenue mercredi soir. Dans un communiqué diffusé à l’issue de cette réunion, présidée par le chef du gouvernement et patron du PJD, Saad-Eddine Al-Othmani, la formation islamiste a pris acte de « la demande » de M. Daoudi d’être « relevé de ses fonctions », après sa « participation inappropriée (…) à un sit-in mardi soir devant le Parlement ».

Les collectes de lait réduites de 30 %

Lancé anonymement le 20 avril via Facebook, le boycott visant des produits au prix jugé trop élevé a entraîné notamment la chute des ventes de Centrale Danone, qui emploie quelque 6 000 salariés. L’entreprise a annoncé lundi qu’elle s’attendait à clore le premier semestre sur une perte de 150 millions de dirhams (13,5 millions d’euros). L’an dernier sur la même période, elle avait enregistré un profit de 56 millions de dirhams. La semaine dernière, elle a prévenu qu’elle réduirait de 30 % ses collectes de lait auprès de 120 000 éleveurs et licencierait des employés en contrat à court terme.

Outre Centrale Danone, le mouvement de boycott vise les stations-service Afriquia et la marque d’eau minérale Sidi Ali. Ses promoteurs dénoncent les prix trop élevés fixés par ces groupes liés aux élites politiques et économiques du pays, ou à des marques étrangères.