Danny Rose s’est exprimé devant la presse britannique le 5 juin. / Mike Egerton / AP

Les Anglais sont fâchés sportivement avec la Coupe du monde depuis leur unique succès à domicile en 1966. Depuis, ils n’ont atteint qu’une seule fois les demi-finales : c’était en 1990 en Italie. L’édition 2018, qui débute en Russie le 14 juin, est loin de susciter l’enthousiasme que l’on pourrait escompter d’une nation qui adore le football.

En cause, les craintes liées à la sécurité et les relations diplomatiques tendues entre les deux parties depuis l’affaire Skripal, du nom de l’ancien espion russe victime d’une attaque chimique à Salisbury. Dernier épisode en date, l’interview donnée à la presse britannique par le latéral Danny Rose. Ce dernier a conseillé à sa famille de ne pas l’accompagner en Russie pour la Coupe du monde.

« Je ne suis pas inquiet pour moi-même mais j’ai dit à ma famille que je ne voulais pas qu’elle m’accompagne, à cause du racisme et des autres choses qui peuvent arriver », a déclaré le joueur de Tottenham. « Je ne veux pas m’inquiéter pour la sécurité de ma famille alors que je suis en train de me préparer pour les matches », a-t-il poursuivi. « Si quelque chose m’arrive, cela ne m’affecterait pas autant que si c’était ma famille qui était touchée. »

La déception du père de l’international anglais n’a rien changé à la décision de Rose.

« Mon père était vraiment contrarié. Je pouvais l’entendre dans sa voix. Il a dit qu’il n’aurait peut-être pas de seconde chance pour venir me voir jouer dans une Coupe du monde. J’étais ému de l’entendre dire cela. C’était très triste. C’est comme ça. La Russie a obtenu le droit d’organiser la Coupe du monde et nous devons nous adapter à ça. »

« Une amende de 22 000 livres pour un pays, c’est risible »

Mais le footballeur anglais s’est également prononcé contre les sanctions « risibles » de la part de la FIFA quant aux derniers incidents racistes dans les stades de la Coupe du monde. Fin mars, lors de la victoire française face à la sélection russe, les cris racistes proférés n’ont été sanctionnés que par une amende d’environ 25 000 euros.

« Une amende de 22 000 livres, c’est dégoûtant. Qu’est-ce qu’ils espèrent ? Je ne veux pas paraître arrogant, mais si j’avais été sanctionné d’une amende de 22 000 livres sans avoir le melon ça ne ferait pas la différence. Une amende de 22 000 livres pour un pays, c’est risible », s’est exprimé Rose.

Traditionnels gros pourvoyeurs de supporteurs lors de toutes les grandes compétitions internationales de football, les Anglais seront bien moins présents que d’habitude. The Times expliquait en mai que la police britannique avait fait quelques recommandations spéciales aux 10 000 fans anglais attendus en Russie : « Il faudra éviter de brandir le drapeau de Saint-Georges durant la Coupe du monde en Russie le mois prochain. Cela risque d’être perçu comme un symbole impérialiste et hostile. »

En mars, devant une commission parlementaire, le ministre des affaires étrangères, Boris Johnson, avait prévenu les autorités russes : « il appartient à la Russie de garantir la sécurité des supporteurs anglais qui iront en Russie. C’est leur devoir, selon le contrat de la FIFA, de faire attention à tous les fans ».