Rafael Nadal a perdu un set face à Diego Schwartzman. / CHRISTOPHE ARCHAMBAULT / AFP

LA FIN DE MATCH À NE PAS RATER. La dernière fois qu’un taureau (1) était sorti des eaux aussi transfiguré, c’était dans la mythologie grecque, et Zeus (car c’était lui) avait enlevé la princesse Europe. Cette année, les adversaires de Rafael Nadal ont de quoi maudire les dieux du ciel. En finale de Rome, le 20 mai, Alexander Zverev menait 3-1 au troisième set avant que l’orage n’interrompe par deux fois les débats. De retour des vestiaires, l’Espagnol, transfiguré, n’avait plus laissé un seul jeu à l’Allemand.

Mercredi, Diego Schwartzman a empoché le premier set (6-4). Sonnez hautbois, résonnez musettes, oui, Nadal a perdu un set à Roland-Garros et cela faisait trois ans que cela n’était plus arrivé. L’Argentin a même fait le break dans le deuxième (3-2) avant que la pluie n’oblige les deux joueurs à se mettre à l’abri. Quand il est revenu sur le terrain, le numéro un mondial n’était plus le même, retrouvant son service, son coup droit – jusqu’alors en panne – et sa longueur de balle. Le pauvre Schwartzman qui, depuis le début du match, dictait l’échange, n’a plus semblé maîtriser grand-chose. Une énième averse reporta la fin du match alors que Nadal menait 5-3, 30-15 dans ce deuxième set.

« El Peque » (il mesure 1,68 m mais n’aime pas trop qu’on le lui rappelle) peut-il créer l’exploit jeudi 7 juin ? Pour ça, il lui faudra exécuter le même plan de jeu qui lui a permis de verrouiller le premier set. A savoir, agresser, et encore agresser. Dès le début mercredi, il a immédiatement mis la pression sur le service de Nadal, l’obligeant à jouer loin de sa ligne de fond. C’est lui qui dirigeait le jeu, frappant fort, vite… et avec justesse. Par trois fois, il lui prendra son service dans le premier set.

Reste une inconnue : la forme de l’Espagnol. Mercredi, dans le premier set, Nadal jouait court, comme à chaque fois qu’il est diminué. Il se fit d’ailleurs strapper les deux avant-bras. Sera-t-il apte à défendre ses chances ? Réponse à partir de midi.

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LES (AUTRES) MATCHS A NE PAS RATER. Vu comment est partie leur rencontre, et les prévisions météorologiques, il y a (un peu) à parier que Cilic et Del Potro ne parviennent pas à se départager jeudi, tant chaque joueur tient son jeu de service. Ce qui vous laisse du temps pour vous passionner pour les demi-finales du tournoi féminin. D’abord, les deux vainqueures de mercredi, Garbine Muguruza et Simona Halep s’affrontent dans une rencontre qui aurait fait une finale magnifique. Depuis le début de la compétition, l’Espagnole n’a perdu que 20 jeux (soit quatre par rencontre) et elle entend se frotter à la numéro 1 mondiale sans coup férir. Et à lui piquer sa place à la fin de la compétition par la même occasion.

Puis, viendra la revanche de la dernière finale de l’US Open, entre les deux jeunes femmes incarnant la relève américaine. Amies dans la vie, au point que l’une cherchait l’autre dans les vestiaires afin de « lui raconter les potins », Sloane Stephens et Madison Keys sont aussi deux combattantes féroces. Et chacune aspire à être celle qui réconfortera sa partenaire en Fed Cup (elles sont tenantes du titre) après l’avoir battue.

  • LES FRANÇAIS ENCORE EN LICE DU JOUR

Parce qu’on a l’impression d’avoir plombé tout le monde, même la météo, en entonnant la chanson de Roland-Garros « il n’y a plus de Français », on se doit de corriger le tir. Il reste bien deux représentants de la Nation dans le tournoi. En double. Et Nicolas Mahut et Pierre-Hugues Herbert entendent bien prolonger l’aventure en l’emportant en demi-finale face à la paire austro-croate Nikola Mektic - Alexander Peya.

  • L’IMAGE DU JOUR

Impressionnant, non ? / BENOIT TESSIER / REUTERS

La rage de Simona Halep, tous muscles sortis, lors de sa rencontre face à Angelique Kerber. D’abord menée un set à zéro par la vainqueure de Caroline Garcia, la numéro 1 mondiale a fait parler sa puissance pour renverser la situation et l’Allemande. Prochaine étape : Garbine Muguruza, en demi-finale.

  • LA PHRASE DU JOUR
« Je viens d’apprendre que celle qui gagnera deviendra numéro 1 mondiale. Mais je n’y prête plus trop attention. Chaque semaine, une liste paraît. Les années passées, je prenais ça beaucoup trop à cœur et je n’aurais pas dû. »

Voilà qui donnera du grain à moudre aux critiques d’un tennis féminin « manquant de têtes d’affiches » et « changeant de numéro 1 mondiale chaque mois ». Mais Garbine Muguruza n’en a que faire. Focalisée sur son objectif principal : remporter Roland-Garros une seconde fois, la Basco-vénézuelienne fait abstraction du reste.

  • LA STAT DU JOUR

17. Depuis dix-sept ans, à chaque fois qu’une Américaine se hissait en finale de Roland-Garros, elle s’appelait Williams. Serena et Venus ont la certitude d’avoir une successeure avec l’affrontement entre les amies Madison Keys et Sloane Stephens.

  • LE BEAU GESTE DU JOUR

Qu’il renverse complètement la vapeur face Schwartzman ou qu’il cède son trône, Rafael Nadal est et restera un immense champion. Et son message appelant à aider les victimes de l’éruption volcaniques au Guatemala le prouve une fois de plus.

  • DEUX QUESTIONS A…

Chaque jour durant la quinzaine, nous donnerons la parole aux petites mains du tournoi aux missions les plus improbables. Femmes et hommes de l’ombre, sans eux, Roland ne tournerait pas tout à fait rond.

SUZANNE LENGLEN, 20 ANS, HOTESSE (aucun lien, fille unique)

Suzanne Lenglen à l’entrée du court Philippe-Chatrier. / Le Monde

Quelle est votre tâche ici ?

Je suis ici en tant qu’hôtesse, pour mon premier Roland-Garros. Mon rôle ? Avec l’équipe d’hôtes et d’hôtesses, on est chargés d’accueillir les invités du président de la Fédération française de tennis et les placer en tribune pour voir les matchs. Etudiante, je suis hôtesse depuis un an et demi. Et au fur et à mesure des jobs, je suis montée en gammes : Roland-Garros, c’est un peu la consécration en tant qu’hôtesse.

Honnêtement, avec votre nom, votre présence dans l’équipe de la FFT n’est pas une coïncidence ?

Si complètement. Au sein de l’équipe, tout le monde était un peu au courant que mon nom avait une histoire. Mais tout a changé quand le garde du corps du président [Bernard Giudicelli] l’a appris et a mis ce dernier au courant. Ensuite j’ai été présentée aux membres principaux de la FFT et c’est comme ça que ça s’est su. Mon nom attire un peu l’attention ici, parce que ce n’est pas commun. Je suis un peu plus au centre de l’attention que mes collègues, mais attention, je n’en tire aucun privilège. L’autre Suzanne Lenglen ? Je me suis intéressée à qui elle était et ce qu’elle avait fait. Mais comme je ne fais pas de tennis, je n’ai jamais vraiment fait de recherches plus poussées.

Le programme de jeudi 7 juin à Roland-Garros

Reprise des quarts de finale sur chaque court à midi. Les chiffres entre crochets correspondent aux têtes de séries.

  • Court Philippe-Chatrier

Rafael Nadal (Espagne) [1] - Diego Schwartzman (Argentine)[11]

Simona Halep (Roumanie) [1] - Garbiñe Muguruza (Espagne) [3]

Madison Keys (Etats-Unis)[13] - Sloane Stephens (Etats-Unis)[10]

  • Court Suzanne-Lenglen

Marin Cilic (Croatie)[3] - Juan Martin Del Potro (Argentine)[5]

(1) On se permet cette métaphore animale dans la mesure où « Rafa » a choisi d’assumer le surnom « taureau de Manacor » au point de le décliner en logo.