LES CHOIX DE LA MATINALE

Pourquoi ne pas profiter de cette fin de semaine pour aller faire un tour au festival MOVE au Centre Pompidou ; voir la nouvelle pièce chorégraphique d’Hervé Robbe au Théâtre national de Chaillot ; écouter de jeunes artistes à La Maison du conte de Chevilly-Larue (Val-de-Marne) ; assister à l’intégrale Brahms aux Bouffes du Nord… et bien d’autres choses encore.

PERFORMANCE. Le Festival MOVE prend le Centre Pompidou à bras-le-corps, à Paris

Attention, si l’on vient vous serrer la main lorsque vous pénétrez dans le Centre Pompidou, c’est que vous êtes entré dans une zone d’analyse de votre personnalité par votre gestuelle. Le Festival MOVE, au croisement de la performance dansée et des arts visuels, se concentre pour sa deuxième édition sur le « corps critique », c’est-à-dire politique, engagé. Ces poignées de main de l’entrée vous mèneront à l’une des deux performances déployées en continu dans le hall du musée : Handle/Poignée, de Liz Magic Laser, artiste américaine qui, s’appuyant sur les sciences sociales, utilise la métaphore familiale pour analyser les relations entre les citoyens et les responsables politiques. Aux quatre rôles déterminés (parent nourrissier ou disciplinaire, enfant rebelle ou discipliné) correspondent quatre typologies de gestes, élaborées avec des thérapeutes du mouvement, chorégraphiées sur une scène en forme de diagramme de la vie sociale. En descendant dans le Forum, le regard est d’abord capté par la moquette rose qui couvre la scène de l’autre performance en continu : celle de la chorégraphe Maria Hassabi, qui travaille sur le ralentissement des corps face à l’accélération de nos rythmes de vie. Le reste du festival se décline en vidéos – de la sautillante Lili Reynaud-Dewar ou du programme Vidéodanse – et rendez-vous, avec six performances live et quatre conférences. Fragilité et force des corps, émancipation des rapports de domination, de normalisation ou d’oppression : la danse performative comme pratique de résistance et d’empowerment est partout à l’œuvre. Emmanuelle Jardonnet

Festival MOVE, du 7 au 24 juin, au Centre Pompidou, gratuit. Vendredi 8 (19 heures) : soirée Frédéric Nauczyciel et voguing (projection de ses films The Flying Flies et A Baroque Ball, Shade, rencontre avec le vogueur Vinii Revlon). Samedi 9 (18 heures) : conférence-performance entre butô, théâtre queer et playback (Boychild + Jack Halberstam). Dimanche 10 (17 h 30) : Paul Maheke questionnera les représentations du corps noir et queer, de Michael Jackson aux cosmologies bantoues.

DANSE. La mémoire des gestes selon Hervé Robbe à Chaillot, à Paris

« A New Landscape », un spectacle pour dix interprètes chorégraphié par Hervé Robbe. / © VINCENT BOSC

La compagnie d’Hervé Robbe, Travelling & Co, embarque pour une nouvelle pièce intitulée A New Landscape. Ce spectacle pour dix interprètes est le volet spectaculaire d’un plus vaste projet intitulé Memories (ou l’oubli), qui regroupe, sur le thème de la mémoire des gestes, un livre, un film, et donc un spectacle. Hervé Robbe, figure de la scène chorégraphique depuis la fin des années 1980, présente ainsi son entreprise : « C’est une danse qui ne tourne pas le dos à son passé, qui émane telle une anamorphose d’une chambre d’écho et de réminiscences, et laisse surgir un autre rituel collectif. (…) Trente années de création, je me souviens, et puis j’oublie par nécessité à être et devenir… » Retour donc sur un geste souple et structuré dont l’élan a fait surgir des architectures corporelles sensibles. Rosita Boisseau

« A New Landscape », d’Hervé Robbe. Théâtre national de Chaillot, 1, place du Trocadéro, Paris 16e. Tél. : 01-53-65-30-00. Vendredi 8 à 19 h 45 et samedi 9 juin à 20 h 30.

ARTS DU RÉCIT. Le Labo 4 prend son envol à La Maison du conte, à Chevilly-Larue

Vue de synthèse du projet de la nouvelle façade de La Maison du conte, à Chevilly-Larue. / MAISON DU CONTE DE CHEVILLY-LARUE

Parmi les différentes missions de La Maison du conte de Chevilly-Larue (Val-de-Marne), l’une des principales structures consacrées aux arts du récit en France, la formation occupe une place de choix. Notamment au travers du Labo initial, un programme de formation, de recherche créative et collective, qui accompagne une quinzaine d’artistes, pendant trois ans, au rythme de trois jours par mois environ. Mis en place en 2003 par le conteur Abbi Patrix, ce programme a déjà trois sessions à son actif : le Labo 1 (2003-2006), le Labo 2 (2007-2010) et le Labo 3 (2011-2014). C’est désormais au tour des apprentis du Labo 4, lancé en octobre 2015, d’achever leur processus de formation. Deux journées portes ouvertes, les 8 et 9 juin, permettront au public de découvrir les univers de neuf de ces laborantins : Hélène Beuvin, Sylvenn Conan, Manu Domergue, Sarah El Ouni, Ange Grah, Clara Guenoun, Julie Métairie, Claire Théodoly-Lannes et Sofilia Tsorteki. Après avoir exploré différents genres, répertoires et disciplines, ces conteurs et conteuses se sont choisi leur propre histoire, qu’ils présenteront sous diverses formes : nouveaux récits, contes traditionnels, discours politiques, créations originales, etc. Avant de laisser la place à une nouvelle promotion qui sera recrutée en 2020. Cristina Marino

« L’Envol du Labo 4 ». La Maison du conte, 8, rue Albert-Thuret, Chevilly-Larue (Val-de-Marne). Vendredi 8, à 20 heures, et samedi 9 juin, à 17 heures. Entrée libre. Réservations au 01-49-08-50-85.

FESTIVAL. Intégrale Brahms au Théâtre des Bouffes du Nord, à Paris

Le pianiste Eric Le Sage. / THÉÂTRE DES BOUFFES DU NORD

Une quasi-trentaine d’œuvres exigeantes et complexes – de la sonate au sextuor –, la musique de chambre de Johannes Brahms (1833-1897) constitue sans doute le creuset de son art. Il n’existe pourtant aucune version intégrale de ce répertoire interprétée par un seul et même ensemble. A l’origine de ce défi, les mousquetaires violoniste Pierre Fouchenneret, le violoncelliste François Salque ainsi que le pianiste Eric Le Sage, tous chambristes de haut vol. Ils ont sollicité des homologues de talent : le Quatuor Strada, les altistes Lise Berthaud et Adrien Boisseau, les violonistes Shuichi Okada, Sarah et Deborah Nemtanu, le violoncelliste Yan Levionnois, le pianiste Romain Descharmes, Florent Pujuila et Joël Lasry, respectivement clarinettiste et corniste, sans oublier la chanteuse Sarah Laulan. Il y aura deux temps : celui du concert, dans le cadre de la série « La Belle Saison », dont le point d’orgue est un grand « marathon Brahms » de huit concerts en quatre jours au Théâtre des Bouffes du Nord, du 8 au 11 juin. Viendra ensuite le temps du disque, capté par les micros de B-Records, soit 13 CD égrenés dès 2018 disponibles en coffret en 2020. Pour l’heure, ce sont les quintettes et sextuors qui sont publiés le 8 juin. Marie-Aude Roux

Théâtre des Bouffes du Nord, 37, bis, boulevard de la Chapelle, Paris 10e. Huit concerts du 8 au 11 juin. Tél. : 01-46-07-34-50. De 10 € à 25 €. Pass journée, de 30 € à 52 €. Pass intégral, de 80 € à 144 €.

RÉCIT ET JAZZ. Barbara Glet et François Vincent font swinguer Le Petit Ney, à Paris

« Jazz me Babe », un spectacle musical de et avec Barbara Glet et François Vincent. / PHOTO HYACINTHE VENDOMELE

Pour son dernier rendez-vous mensuel de la saison consacré aux arts de la parole, le collectif Contes à croquer, en association avec Le Petit Ney, un café littéraire associatif (Paris 18e), propose un voyage musical à La Nouvelle-Orléans, avec le spectacle Jazz me Babe, conçu et interprété par Barbara Glet et François Vincent. Pour raconter l’émergence de cette nouvelle musique qu’est le jazz dans cette ville américaine, les deux artistes ont choisi la forme du docu-fiction en mêlant personnages fictifs et personnes ayant réellement existé, notamment des musiciens de jazz comme Louis Armstrong et Mezz Mezzrow. Le récit principal relate les aventures d’un jeune soldat français, Albert, trompettiste amateur, qui décide, au retour de la guerre de 14-18, de partir s’installer à La Nouvelle-Orléans pour y devenir musicien de jazz. Il y découvre à la fois une nouvelle culture musicale mais aussi une société très différente de celle d’où il vient, en proie à la violence et au racisme. Sans grand dispositif scénique (pas de décor ni de sons et lumières, peu d’accessoires), ce spectacle repose essentiellement sur les performances narratives et musicales de Barbara Glet (claquements de doigts et autres percussions corporelles) et de François Vincent (guitare). Une façon originale de revenir aux sources, celles du jazz au temps de sa naissance dans les bas-fonds du sud des Etats-Unis, mais aussi celles d’une tradition orale. C. Mo.

« Jazz me Babe », de et avec Barbara Glet et François Vincent. Le Petit Ney, 10, avenue de la Porte-de-Montmartre, Paris 18e. Tél. : 01-42-62-00-00. Le samedi 9 juin à 21 heures (spectacle précédé par une scène ouverte de 19 h 30 à 20 h 15, possibilité de dîner sur place sur réservation). Durée : 1 h 20. Tarifs : 10 € et 8 € (adhérent) ou 17 € et 14 € pour la formule spectacle et un plat.

MUSIQUE. Trois soirées avec Archie Shepp à L’Entrepôt, à Paris

Détail de l’affiche des Trois nuits avec Archie Shepp. / DR

Trois longues soirées – début à 18 heures, fin à 2 heures du matin – pour fêter le saxophoniste Archie Shepp, 81 ans depuis le 24 mai, c’est ce qui est proposé du vendredi 8 au dimanche 10 juin lors du Festival d’avant-séance qui inaugure un nouveau lieu à l’emplacement de L’Entrepôt, à Paris. Avec projections de films, « qui marquent des étapes dans la vie d’Archie Shepp », rencontres et concerts. Vendredi 8, la soirée débutera par Festival Panafricain d’Alger (1969) de William Klein, suivi d’une « conversation autour du film » avec Alexandre Breton, puis Archie Shepp en quartette, avec des interventions en direct du dessinateur Wozniak, avant, à partir de 23 heures, un set de DJ et une sélection de films de concerts et d’archives de Shepp. Samedi 9, le déroulé est identique, comme dimanche avec cette fois les films Je suis jazz, c’est ma vie (1982) et Happy Birthday M. Shepp (2007), de Frank Cassenti, qui les présentera ensuite. Shepp sera cette fois en septette pour un concert consacré à Sidney Bechet, avec à nouveau Wozniak, puis le set de DJ et les films de concerts. Enfin, dimanche 10, le film The Sound Before The Fury (2013), de Martin Sarrazac et Lola Frederich, donnera ensuite lieu à une conversation avec ses auteurs, puis au concert de Shepp (et Wozniak) cette fois pour un « projet spécial » avec Rocé, Mike Ladd, Alune Wade, Cheick Tidiane Seck et Pierre-Francois Blanchard, avant le final DJ et films. Sylvain Siclier

Trois nuits avec Archie Shepp au 7, rue Francis-de-Pressené, Paris 14e. Mo Pernety. Du vendredi 8 au dimanche 10 juin. Soirée complète de 18 heures à 2 heures, 35 €. Set DJ et projection d’archives de 23 heures à 2 heures uniquement, 5 €.