Des membres du régime de Bachar Al-Assad sur un char roulant dans la ville d’Al-Boukamal, dans l’est du pays, le 20 novembre 2017. / STRINGER / AFP

Au terme d’une une série d’attaques-suicides meurtrières, l’organisation Etat islamique (EI) a repris vendredi 8 juin une partie de la ville syrienne d’Al-Boukamal, contrôlée par le régime de Bachar Al-Assad. C’est l’offensive la plus importante menée depuis des mois par l’organisation djihadiste en Syrie.

L’EI avait perdu le contrôle de la ville en novembre 2017 le dernier centre urbain qu’il contrôlait dans le pays en guerre après de multiples défaites infligées par le régime et ses alliés d’une part et les Forces démocratiques syriennes (FDS) soutenues par les Etats-Unis de l’autre.

En parvenant à s’emparer de nouveau d’une partie de cette cité, l’organisation djihadiste confirme qu’elle est encore une force à craindre sur le terrain. Reste à savoir si elle pourra se maintenir dans la ville ou avancer face aux forces loyales au président syrien, Bachar Al-Assad, appuyées par l’aviation russe.

Al-Boukamal est située dans la province orientale de Deir ez-Zor, près de la frontière avec l’Irak où le gouvernement avait proclamé à la fin de 2017 la victoire contre l’EI.

Selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH), « l’offensive d’envergure » a été lancée depuis le désert syrien par les djihadistes, « qui ont reconquis une partie d’Al-Boukamal », située à l’ouest du fleuve Euphrate. « Au moins 25 combattants de l’armée syrienne et de milices prorégime ont péri dans dix attaques-suicides, dont quatre à la voiture piégée, menées par l’EI », a annoncé le directeur de l’OSDH, Rami Abdel Rahmane.

Les combats se poursuivent entre les deux camps dans le centre de la ville, a-t-il ajouté. « Cette attaque surprise est la première depuis novembre » et la perte de la ville par les djihadistes. « L’EI contrôle désormais le nord et l’ouest de la ville », a précisé M. Abdel Rahmane, selon qui « le régime syrien et les Iraniens ont envoyé des renforts » pour faire face à l’assaut des djihadistes. Outre les dix kamikazes, huit djihadistes ont été tués dans les combats, selon l’ONG.

Avant la reprise partielle d’Al-Boukamal par les djihadistes, le régime contrôlait la ville de Deir ez-Zor, chef-lieu de la province du même nom, mais aussi toute la rive ouest de l’Euphrate. Les FDS, appuyées par la coalition internationale emmenée par les Etats-Unis, sont pour leur part stationnées sur la rive orientale du fleuve et cherchent toujours à chasser les djihadistes de leurs derniers retranchements dans la province.

L’Etat islamique recule mais reste une menace importante

Depuis son éviction en mai de son dernier bastion dans la capitale syrienne, Damas, place forte du pouvoir, l’EI a multiplié les attaques contre des positions des forces loyalistes. Jeudi, au moins 22 combattants prorégime, dont 11 soldats de l’armée syrienne, ont été tués dans des attaques menées par l’EI dans le désert de la province méridionale de Souweïda. Selon l’OSDH, 209 combattants loyaux au régime ont été tués dans les attaques menées par l’EI depuis le 22 mai. Il y a eu 110 morts dans les rangs djihadistes.

L’EI, présent encore dans quelques poches dans le désert qui s’étend de l’est de Damas jusqu’à Al-Boukamal, détient moins de 3 % du territoire syrien selon l’OSDH, contre près de 50 % à la fin de 2016 à son apogée en Syrie.

Grâce à l’intervention militaire dans les airs et au sol de son allié russe dans le conflit depuis septembre 2015, le pouvoir Assad a réussi à engranger des victoires face aux rebelles et aux djihadistes et a repris plus de 60 % du territoire.