Manifestation le 8 juin 2018 à Bamako, à l’appel de l’opposition, pour demander la « transparence » lors de l’élection présidentielle malienne, dont le premier tour est fixé au 29 juillet. / MICHELE CATTANI / AFP

Des dizaines de milliers de Maliens ont défilé dans le calme à Bamako, vendredi 8 juin, à l’appel de l’opposition, pour réclamer la « transparence » lors de l’élection présidentielle du 29 juillet. Le rassemblement intervient une semaine après des marches qui avaient été émaillées d’incidents.

Partie de la place de la Liberté, la marée de manifestants a cheminé sur quelques kilomètres, au son des vuvuzelas, jusqu’à la Bourse du travail, au cœur de la capitale malienne, où des dirigeants de l’opposition ont pris la parole. Le cortège s’est ensuite dispersé sans incident.

Le 2 juin, les forces de l’ordre avaient usé de gaz lacrymogènes et de matraques pour disperser des rassemblements interdits par les autorités, faisant quelque 25 blessés. Cette fois, après une réunion de « décrispation » entre majorité et opposition chapeautée par l’ONU et l’Union africaine, la marche de la Coalition pour l’alternance avait été autorisée par le gouverneur de Bamako.

« Dénoncer la gouvernance actuelle »

« Il y a au bas mot 300 000 manifestants dans les rues de Bamako pour dire non aux dérives du pouvoir », a déclaré à l’Agence France-Presse (AFP), un membre de l’opposition, l’ancien ministre Djiguiba Keïta, alors que selon les médias locaux les manifestants étaient entre 10 000 et 20 000.

« Nous avons manifesté pour effectivement réclamer des élections transparentes et un accès équitable aux médias d’Etat, mais aussi pour dénoncer la gouvernance actuelle », a précisé le chef de file de l’opposition, Soumaïla Cissé. Le finaliste malheureux de la présidentielle de 2013, âgé de 68 ans, fait partie de la quinzaine de candidats déclarés qui affronteront le 29 juillet le chef de l’Etat, Ibrahim Boubacar Keïta, 73 ans, en lice pour un second mandat. La campagne officielle doit débuter le 7 juillet.

« Non à la fraude ! », « Non à la mascarade électorale », « Mêmes droits pour tous à la radio et à la télévision nationale », pouvait-on lire sur certaines des pancartes et banderoles des manifestants, dont beaucoup brandissaient des drapeaux aux couleurs nationales. « La marche n’est plus seulement pour réclamer des élections transparentes et un égal accès aux médias publics. C’est aussi pour dénoncer (…) la vie chère, la corruption », expliquait un fonctionnaire de 51 ans, Mahamane Touré.

Le gouvernement assure depuis des mois que le vote se déroulera à la date prévue, malgré les reports successifs des précédentes élections programmées depuis 2013, en raison notamment de la menace djihadiste. Les groupes armés qui avaient pris le contrôle en mars 2012 du nord du Mali ont été en grande partie chassés et dispersés par une opération militaire lancée en janvier 2013 à l’initiative de la France et qui se poursuit actuellement. Mais des zones entières du pays échappent encore au contrôle des forces maliennes, françaises et de la mission de l’ONU (Minusma), régulièrement visées par des attaques, malgré la signature en mai et juin 2015 d’un accord de paix censé isoler définitivement les djihadistes.