L’université Paris-Descartes. / Fred Romero - Flickr via Campus

L’accès aux études de médecine constitue un sujet pour le moins sensible. Particulièrement en Ile-de-France, où avait débuté en 2017 la polémique autour de la plate-forme APB (Admission post-bac), quand certains candidats à l’entrée de la première année des études de santé (Paces) s’étaient retrouvés « en attente » en début de procédure, suite au tirage au sort.

Si la réforme de l’accès à l’enseignement supérieur mise en œuvre cette année a supprimé le tirage au sort dans les filières universitaires où les demandes étaient plus nombreuses que les places, d’autres motifs d’inquiétude ont surgi pour les prétendants aux études de santé et leurs familles. Au-delà de l’attente en début de procédure, qui touche l’ensemble des candidats sur Parcoursup, plusieurs nouveautés interviennent.

D’après un arrêté publié au Journal officiel du 31 mai, quatre universités vont expérimenter la fin du redoublement en Paces à la rentrée 2018 : trois établissements parisiens (Sorbonne université, Paris V-Descartes et Paris 7-Diderot) ainsi que l’université de Bretagne Occidentale (Brest). Un chiffre moins élevé que prévu : l’université Paris-Est-Créteil, annoncée parmi les expérimentatrices en janvier par le ministère, n’en fait finalement pas partie. Angers, qui a mis en place un modèle sans redoublement il y a déjà quatre ans, figure également dans cette liste d’universités.

Expérimentations dans la filière santé

Ce nouveau modèle intervient dans le cadre des expérimentations dans la filière santé développées depuis 2013, dont l’objectif est de trouver des alternatives à cette première année ultra-sélective, à l’issue de laquelle le couperet du « numerus clausus » écarte plus de 80 % des candidats aux études de médecine, pharmacie, odontologie et maïeutique.

Les étudiants de cette future Paces adaptée ne pourront plus redoubler à la fin de la première année. Ceux qui auraient la moyenne aux examens, mais sans obtenir le sésame pour suivre l’une des quatre filières soumises au numérus clausus, pourront poursuivre directement dans une deuxième année de licence. Ils auront alors la possibilité de retenter leur chance avec un second concours - via un dispositif « Alter-Paces » - pour rejoindre les professions de santé (30 % des places du numerus clausus seront offertes à ce niveau), tout en validant leur deuxième année de licence. Cela évitera aux étudiants de « perdre » une à deux années en cas d’échec au concours.

« On nage en plein flou »

En Ile-de-France, qui possède sept UFR de santé, les lycéens doivent donc choisir entre des universités avec une Paces « classique » et celles qui proposent ces Paces « nouvelle formule ». « C’est peut-être une bonne chose, mais on ne fait pas ça comme ça, en loucedé, sans donner aucune information, s’énerve la mère d’une lycéenne candidate dans cette filière. On nage en plein flou, avec un double stress à Paris : en plus du nouveau système de sélection de Parcoursup, où l’on n’est pas sûr d’être pris dans les facs demandées, il y a cette inconnue autour du redoublement, alors qu’on n’est pas du tout au courant de comment va se passer cette année de transition. » Sa fille a postulé à Créteil, Paris-Diderot et à la Sorbonne, et a opté pour cette dernière, la plus proche de chez elle, qui lui a apporté une réponse positive quelques jours après l’ouverture de Parcoursup, le 22 mai.

Du côté du ministère, on assure que l’information a été diffusée le plus largement possible, notamment aux Journées portes ouvertes des établissements. Reste néanmoins la question du numerus clausus, que le ministère s’est engagé à augmenter pour préserver les chances des nouveaux arrivants par rapport aux redoublants (les « doublants »), lors de cette année transitoire. Cet engagement sera tenu, assure-t-on dans l’entourage de la ministre, avec un arrêté attendu dans les mois qui viennent.

Quelle répartition des étudiants ?

Autre changement qui s’ajoute, avec la mise en place de Parcoursup : en santé comme ailleurs, chaque université a classé, à sa manière, les candidats au regard de leur dossier scolaire (notes, appréciation, lettre de motivation…). Mais jusqu’ici, en Paces d’Ile-de-France, le rectorat opérait, après le bac, une répartition de l’ensemble des candidats à l’échelle de la région, en fonction de leur premier vœu géographique, et en ajustant surtout les affectations afin de répartir le plus équitablement possible les mentions « très bien » entre les 7 UFR d’Ile-de-France.

Comment vont se répartir les futurs étudiants cette fois-ci ? Les facultés parisiennes vont-elles « aspirer » les meilleurs profils ? Les chances de réussir le concours seront-elles plus élevées dans les facultés moins attractives, ou la concurrence sera moins rude ? Ces questions, pas seulement politiques, sont loin d’être anecdotiques pour les milliers de candidats qui essaient, chaque année, de décrocher le sésame vers ces professions de santé.