Le ministre britannique des affaires étrangères, Boris Johnson, le 21 mai. / Stefan Rousseau / Stefan Rousseau/PA Wire/dpa

Alors que les négociations avec Bruxelles patinent, le camp des « Brexiter », favorable à une sortie de l’Union européenne de la Grande-Bretagne, ne cache plus son pessimisme quant à une issue positive. C’est notamment le cas du ministre des affaires étrangères et chef de file des eurosceptiques, Boris Johnson.

Lors d’un dîner organisé par un groupe de pression conservateur, censé resté privé, mais dont plusieurs médias ont obtenu un enregistrement, l’ancien maire de Londres a évoqué le risque d’un « effondrement » du Brexit.

Evoquant Bruxelles, le ministre parle d’« ennemi », d’après The Times. « Nous allons combattre l’ennemi, tout à fait. Nous devons et nous allons le faire. » Mais « vous devez accepter le fait que cela puisse s’effondrer maintenant. OK ? Je veux que personne ne panique durant cet effondrement. Pas de panique. Pro bono publico, pas de foutue panique, tout va bien se passer à la fin », a-t-il ajouté, rapporte BuzzFeed. Selon M. Johnson, le Brexit sera « irréversible », mais « il risque de ne pas être celui que nous voulons », poursuit-il, comme fataliste.

Admirateur de la méthode Trump

Le ministre des affaires étrangères a ainsi estimé que le risque était grand de voir le Royaume-Uni accepter un accord violant de nombreuses « lignes rouges » des tenants d’un Brexit sans concession, comme lui, maintenant le pays « emprisonné en orbite autour de l’UE, dans l’union douanière et dans une large mesure au sein du marché unique ». Le Royaume-Uni doit quitter l’Union européenne fin mars 2019, tout en restant dans l’union douanière pendant une période de transition jusqu’à fin 2020, le temps de mettre en place un nouveau partenariat.

Et durant ce dîner, M. Johnson a fait l’éloge des méthodes du président américain, Donald Trump.

« J’admire de plus en plus Donald Trump. Je suis de plus en plus convaincu qu’il y a de la méthode dans sa folie. Imaginez Donald Trump faire le Brexit. Il s’y impliquerait de manière extrêmement dure. (…) Il y aurait toutes sortes de rupture, toutes sortes de moments chaotiques. Tout le monde penserait qu’il serait devenu fou. Mais en fait, à la fin, on pourrait arriver à quelque chose. C’est une pensée très, très agréable. »

Le négociateur en chef de l’Union européenne sur le Brexit, Michel Barnier, doit faire un point vendredi dans l’après-midi sur l’avancement des négociations, notamment sur la sensible question de la frontière irlandaise. Sur cette question, M. Johnson a d’ailleurs critiqué la position du gouvernement britannique, dont il est pourtant membre :

« C’est si petit et il y a si peu d’entreprises qui utilisent vraiment cette frontière de manière régulière, c’est juste incompréhensible de laisser une si petite chose prendre de telles proportions. Nous laissons tout notre agenda être dicté par cette sottise. »