Consacrer une exposition aux fleurs, il faut aimer le risque pour s’y essayer aujourd’hui. Léa Chauvel-Lévy réunit onze artistes de plusieurs générations et diverses pratiques, qui, exceptionnellement ou plus régulièrement, ont fait du bouquet ou de la plate-bande leur motif ou leur matériau. C’est si réussi que l’on en sort convaincu qu’aucun sujet n’est mauvais pour qui sait s’en saisir. Pétales percés et lacés qu’Emmanuel Le Cerf photographie en noir et blanc, troublantes fleurs cracheuses de feu cultivées par Morgane Erpen, lys tatoués de My-Lan Hoang-Thuy, vanité tragicomique de Pierre Ardouvin, pistils noirs furieusement phalliques que modèle Elsa Sahal : le végétal et l’organique, le botanique et le physiologique s’allient, le plus souvent sous les signes de l’érotisme et de la reproduction – plus ou moins naturelle ou contrariée. Trois cartes d’anniversaire avec roses et passereaux légèrement transformées avec du sparadrap par Erik Dietman en 1963 font office d’introduction historique et narquoise à cette parade de saison.

Sans titre (2015), les pétales percés et lacés photographiés en noir et blanc par Emmanuel Le Cerf. | GALERIE PAPILLON

« Leurs printemps », Galerie Papillon, 13, rue Chapon, Paris 3e. Tél. : 01-40-29-07-20. Du mardi au samedi de 11 heures à 19 heures. Jusqu’au 19 juin. galeriepapillonparis.com