Qu’en a-t-il pensé, « Mémé » ? Qu’en a-t-il déduit, de ce match nul (1-1) de l’équipe de France contre les Etats-Unis, à une semaine de la Coupe du monde ? Ce samedi 9 juin, dans le stade habituel des footballeurs de Lyon, Aimé Jacquet donnait le coup d’envoi fictif du dernier match amical des Bleus avant leur envol dès le lendemain pour la Russie. L’ancien sélectionneur français, cette fois en veste de costume, a été applaudi avec les honneurs dus à son rang : celui de champion du monde 98.

Bien sûr que le sélectionneur actuel, Didier Deschamps, son ancien joueur, aurait préféré conclure la préparation par une nouvelle victoire, après celles sur l’Irlande (2-0) à Saint-Denis et l’Italie (3-1) à Nice. Bien sûr qu’il aurait préféré, comme contre l’Ecosse (3-0) avant l’Euro 2016, comme contre la Jamaïque avant le Mondial 2014, empiler les buts plus que les questions. Au lieu de quoi, ses Bleus quittent la France sans s’être rassurés.

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Etats-Unis « outsider »

Il y avait tout, pourtant. D’abord le décor en bleu intégral : ce « Stadium » de Décines (Rhône), plus de 58 000 spectateurs et presque autant de drapeaux tricolores qui les attendaient. Ensuite l’adversaire : ces Etats-Unis d’Amérique, donc, que la pratique du « soccer » cantonne encore au rang d’« outsider », comme on dit outre-Atlantique. Une équipe pas qualifiée pour le Mondial, pas plus que l’Irlande et l’Italie.

Les Bleus ont finalement quitté le public sans bomber le torse, déjà bien contents d’avoir évité le grand-guignol. Côté tribunes, pas d’applaudissements prolongés ni d’effusions d’âme pour finir : seulement un au revoir poli et des gradins vite désertés. Oublié, le I Will Survive diffusé par la sono avant le match, souvenir de l’hymne des Bleus en 1998. Oubliés, les « clappings » entrepris pendant le jeu, applaudissements saccadés que les supporteurs islandais ont laissés en héritage de leur passage lors de l’Euro 2016.

Doute

Subsiste, aujourd’hui, ce petit doute, cette part d’incertitude sur cette équipe de France qui vise pourtant, d’après les objectifs fédéraux, au moins une place en demi-finale du Mondial. Malin, Didier Deschamps a presque donné l’impression de s’en réjouir. « Maintenant on va aller [à la Coupe du monde] un peu avec les clignotants », insiste le sélectionneur : « Je ne me plains pas qu’on ait eu des difficultés ce soir. »

Sous-entendu : autant souffrir en France plutôt qu’en Russie, alors que la France disputera son premier tour face à des équipes elles aussi, comme les Etats-Unis, présumées inférieures (l’Australie, dès le samedi 16 juin, puis le Pérou et le Danemark). Aussi le score de ce soir reste-t-il « anecdotique » pour l’entraîneur, visage serein après le match. « Evidemment qu’il a manqué un peu de peps, comme on dit. » « Logique », selon lui, après trois matchs de préparation censés justement favoriser l’« affûtage » final.

Attaque inefficace

D’un gentil euphémisme, « DD » l’a toutefois reconnu : cette sortie contre les Etats-Unis n’était « pas le meilleur » des trois matchs amicaux français, si on le compare aux succès sur l’Irlande puis l’Italie. D’un côté, une attaque trop inefficace (« On a eu énormément d’occasions, on n’en a peu cadré ») et un trio Mbappé-Giroud-Griezmann encore en rodage, malgré l’égalisation tardive du premier nommé, à la 78e minute. De l’autre, une défense trop friable : l’ouverture du score, signé Julian Green (45e), fait suite à une double erreur de Djibril Sidibé en défense et Hugo Lloris dans les cages. « La seule occasion qu’ils ont », estime Deschamps, qui n’est pas très loin du compte.

Pour inciter à la nuance, ce dernier a aussi évoqué le cas Paul Pogba : si son milieu de terrain avait déçu contre l’Italie, le talentueux jeune homme a été plus en vue ce soir. Preuve qu’« il faut relativiser » les bilans de ces trois matchs, veut croire le sélectionneur, qui a évité ce soir de s’attarder sur la performance décevante d’un autre de ses milieux, Blaise Matuidi. Son homologue américain, Dave Sarachan, a beau considérer la France comme « capable de gagner la Coupe du monde », le camp français le sait : reste encore un peu de travail.