Photo de Luc Nkulula postée sur le compte Twitter du mouvement citoyen Lucha, dont il était l’un des fondateurs, le 10 juin 2018 à l’occasion de l’annonce de sa mort. / Compte Twitter @luchaRDC

Le mouvement citoyen Lutte pour le changement (Lucha) a annoncé, dimanche 10 juin, la mort d’un de ses fondateurs « dans des circonstances troubles », dans l’incendie de son domicile, à Goma (est de la République démocratique du Congo).

« Notre camarade Luc Nkulula est décédé dans un incendie suspect dans sa maison, dans la nuit de samedi à dimanche », a déclaré à l’AFP Ghislain Muhiwa, l’un des responsables de ce mouvement de jeunes basé à Goma et farouchement opposé au maintien au pouvoir du président congolais, Joseph Kabila, au-delà de la fin de son mandat, qui a expiré en décembre 2016. « Nous soupçonnons les ennemis de la démocratie et de la paix d’être responsables de cet acte lâche sur la personne de notre camarade, même si jusque-là nous ignorons l’origine du feu. »

« Assistance internationale »

Le comité des laïcs catholiques qui avait organisé trois marches anti-Kabila fin 2017 et début 2018, dont la répression a fait quinze morts, « exige une enquête réellement indépendante pour déterminer les circonstances » de la mort de ce militant.

Le 25 février, Luc Nkulula avait été arrêté à Goma avec d’autres membres de la Lucha. Une photo partagée sur les réseaux sociaux le montre debout et le poing droit levé, entouré de policiers dans leur véhicule. Mi-août 2016, il avait pris la parole au nom de la délégation du mouvement lors d’une audience à Goma avec le président Kabila.

Dans un communiqué dimanche, Lucha salue la mémoire d’un « héros », « modèle irremplaçable », « toujours en première ligne dans les actions ». Le groupe « exige des autorités une enquête rapide, transparente et crédible avec l’assistance internationale pour déterminer les circonstances de la mort » de son cofondateur.

Luc Nkulula de la Lucha : « L’essentiel est que la population congolaise se lève pour ses intérêts »
Durée : 09:14

Tribunal militaire

Le procès de l’assassin présumé d’un autre militant prodémocratie, Rossy Mukendi – tué par balle le 25 février dans la répression d’une marche contre le maintien au pouvoir du président Kabila après la fin de son mandat –, s’est ouvert à Kinshasa devant un tribunal militaire. Mais l’affaire est régulièrement renvoyée sans que le fond soit abordé.

Le 2 juin, des défenseurs de droits humains et des mouvements citoyens avaient commémoré la disparition, il y a huit ans, d’une grande figure de la société civile congolaise, Floribert Chebeya, retrouvé mort au lendemain d’un rendez-vous dans les locaux de la police. Selon sa famille et son organisation, la Voix des sans voix pour les droits de l’Homme, la justice n’est toujours pas rendue car le principal suspect, le général John Numbi, ancien chef de la police, n’a jamais été poursuivi.

La fin du mandat officiel de Joseph Kabila, le 19 décembre 2016, a été marquée par des violences qui ont causé la mort d’une cinquantaine de personnes en deux jours, lors de manifestations organisées par l’opposition et des mouvements citoyens, dont la Lucha.

La présidentielle qui doit désigner le nouveau chef de l’Etat est prévue le 23 décembre. La Constitution interdit à M. Kabila, au pouvoir depuis 2001, de se représenter. Ses détracteurs l’accusent de chercher à rester au pouvoir.