L’espoir renaît dans les associations de lutte contre la pauvreté et la précarité. Elles désespéraient, en effet, de connaître les arbitrages gouvernementaux sur l’aide aux plus pauvres, la fameuse « stratégie contre la pauvreté des enfants et des jeunes » maintes fois invoquée, annoncée puis ajournée. Mais le moral est remonté avec les informations publiées dimanche 10 juin par Le Journal du dimanche sur une stratégie « ambitieuse », qui devrait être annoncée par le président de la République devant le Congrès réuni, début juillet, à Versailles. En plein débat sur les aides sociales, la ministre des solidarités et de la santé, Agnès Buzyn, a par ailleurs affirmé, toujours dans Le JDD, qu’il n’était « pas question de faire des économies sur le dos des pauvres ».

Les associations, notamment le collectif Alerte-ATD Quart Monde, le Secours catholique, l’Union nationale interfédérale des œuvres et organismes privés non lucratifs sanitaires et sociaux, la Fédération des acteurs de la solidarité, s’impatientaient. Elles avaient, entre le 10 janvier et le 31 mars, à la demande du président de la République, travaillé d’arrache-pied pour remettre leurs propositions. Et depuis plus rien ou, pire, une petite musique, fredonnée par le porte-parole du gouvernement, Benjamin Griveaux, ou encore par Gérald Darmanin, le ministre de l’action et des comptes publics, pour laisser entendre, par exemple, que « les aides sociales sont trop nombreuses et pas efficaces », que « l’Etat n’est pas là pour faire des chèques ».

Trois axes se dessinent

Mais une note confidentielle, révélée samedi 9 juin par Le Monde, signée par les économistes Philippe Aghion, Philippe Martin et Jean Pisani-Ferry, proches d’Emmanuel Macron, et appelant à un « rééquilibrage social », a été un premier signe positif. « Que des experts rappellent que l’économie et la société ont besoin, pour un fonctionnement apaisé, de lutter contre les inégalités et d’offrir des perspectives aux plus démunis et éloignés de l’emploi, est rassurant, confie Véronique Fayet, la présidente du Secours catholique.

Trois axes semblent se dessiner : une priorité donnée à la petite enfance avec la scolarité dès 3 ans et un « plan crèches » – lieu de prédilection pour le développement du langage – comprenant une aide financière aux mères seules afin qu’elles puissent se libérer pour travailler ; faciliter le retour à l’emploi en proposant une formation obligatoire jusqu’à 18 ans, non plus 16 ans, et une extension de l’expérimentation « territoire zéro chômeur de longue durée » à quarante ou cinquante collectivités, contre dix actuellement ; l’automatisation du versement des aides sociales afin que tous les ayants droit les perçoivent, et une recentralisation du revenu de solidarité active (RSA) vers l’Etat.