« La moindre mobilité des propriétaires réduirait la fluidité du parc de logements et créerait une tension sur le marché du logement susceptible de compliquer la recherche d’emploi des chômeurs. » / LOIC VENANCE / AFP

Une étude de l’Institut national de statistique (INSEE) publiée en avril 2018 montre qu’une hausse de 10 points de la densité de propriétaires sur un territoire serait associée à une augmentation de 1,3 point du taux de chômage local. D’autres études de ce type menées aux Etats-Unis ou au Royaume-Uni donnent des résultats similaires. Le phénomène observé en France n’est donc pas unique.

L’explication venant immédiatement à l’esprit est que les propriétaires sont restreints dans leur recherche d’emploi en raison de difficultés en cas de déménagement. Vendre le logement ou bien le mettre en location si on souhaite le garder semble être en effet plus complexe que de quitter un logement dont on est locataire. Mais l’explication de la corrélation entre nombre de chômeurs et propriétaires ne réside pas là.

Selon les auteurs de l’étude, Charles-Marie Chevalier, de la division des études macroéconomiques, et Raphaël Lardeux, de la division redistribution et politiques sociales de l’Insee, la moindre mobilité des propriétaires réduirait la fluidité du parc de logements et créerait une tension sur le marché du logement susceptible de compliquer la recherche d’emploi des chômeurs.

Sur un territoire où le nombre de propriétaires est élevé, les chômeurs seraient donc plus nombreux car ils ne pourraient pas déménager aux endroits où ils en ont besoin au sein de ce territoire faute de logement disponible. Au passage, l’étude confirme que le risque de chômage est moindre pour les propriétaires et que ces derniers bénéficient d’une meilleure situation face au marché de l’emploi.

Logement et emploi semblent donc liés et l’une des solutions serait de construire des logements dans les zones où ils sont nécessaires, qu’il s’agisse de logements HLM ou en accession à la propriété.

C’est précisément l’un des objectifs de la loi portant évolution du logement, de l’aménagement et du numérique (Elan) actuellement en cours d’examen au Parlement. Libérer du foncier, simplifier les procédures d’urbanisme et les règles de construction font partie des pistes proposées par le texte. L’association Habitat et Humanisme va jusqu’à affirmer qu’il est indispensable de fluidifier le marché du logement pour permettre de loger plus de personnes.

Une autre mesure de fluidification du marché du logement est d’inciter les propriétaires à louer des logements à des personnes en mobilité professionnelle. Le projet de loi Elan crée notamment « bail mobilité » qui peut aller jusqu’à 10 mois.

« C’est un outil intéressant, mais il faudra voir si les propriétaires sont convaincus de son intérêt car aucun dépôt de garantie permettant de couvrir les frais en cas de dégradation n’est prévu », estime Jean-Marc Torrollion, président de la Fnaim.

Toujours pour les salariés en mobilité : une garantie publique baptisée « Visale », financée par Action logement, joue le rôle de caution pour les locataires en CDD, en intérim ou qui ont pris un nouvel emploi depuis moins de 6 mois. Le propriétaire bénéficie de 36 mois d’indemnisation en cas d’impayé de loyer. Reste à voir dans les prochains mois si ces outils seront efficaces.