Des Syriens quittent la Ghouta orientale, le 15 mars 2018. / LOUAI BESHARA / AFP

Plus de 920 000 personnes ont été déplacées en Syrie au cours des quatre premiers mois de l’année, un chiffre record depuis le début du conflit, il y a sept ans, a fait savoir l’ONU, lundi 11 juin.

« Nous assistons à un déplacement massif à l’intérieur de la Syrie (…) De janvier à avril, il y a eu 920 000 nouveaux déplacés », a déclaré Panos Moumtzis, coordinateur humanitaire de l’ONU pour la Syrie, lors d’une conférence de presse à Genève. « C’est le plus grand nombre de déplacés sur une courte période de temps depuis que le conflit a débuté. »

Au total, 6,2 millions de Syriens ont quitté leur foyer à l’intérieur du pays, et quelque 5,6 millions sont toujours réfugiés dans les pays voisins, selon des chiffres de l’ONU.

Evacuation de la Ghouta orientale

M. Moumtzis a précisé que les nouveaux déplacés avaient été contraints de partir en raison de l’escalade des combats dans l’ancien bastion rebelle de la Ghouta orientale et dans la province d’Idleb (Nord-Ouest), qui est presque entièrement contrôlée par des islamistes et des groupes rebelles extrémistes.

Le 12 avril, le pouvoir syrien avait officiellement repris Douma, provoquant alors un exode massif de population. Au 10 avril, 75 339 personnes avaient fui la Ghouta orientale et la région du Qalamoun, non loin de Damas, selon un comptage de l’ONG syrienne The Assistance Coordination Unit (65 000, selon l’ONU).

Mais l’exode ne s’arrête pas aux quatre premiers mois de 2018. Depuis, les forces de Bachar Al-Assad ont notamment repris la province de Homs, au début de mai, après un accord de « réconciliation ». Quelque 34 500 personnes, des rebelles et leurs familles mais aussi d’autres civils, ont été évacuées dans le cadre de cette opération, selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH), tandis que près de 150 000 personnes sont restées dans le secteur.

350 000 morts

Par ailleurs, après l’offensive victorieuse du régime à Alep et dans la Ghouta orientale, les rebelles et des civils ont été évacués vers Idleb. Or, plusieurs attaques aériennes à Idleb ont fait récemment des dizaines de morts, dont des enfants.

Pour M. Moumtzis, « nous n’avons peut-être pas vu le pire de la crise ». « Nous nous inquiétons de voir 2,5 millions de personnes poussées de plus en plus vers la frontière turque », a-t-il dit. Mais « il n’y a pas d’autre Idleb vers où les envoyer. »

La guerre de Syrie, déclenchée en 2011 par la répression de manifestations pacifiques en faveur de réformes démocratiques, a fait plus de 350 000 morts et a contraint des millions de personnes à l’exode. Selon l’OSDH, le régime de Bachar Al-Assad a désormais repris le contrôle de plus de 60 % du territoire syrien.