Capture d’écran du site Internet de la société Click & Boat, le 12 juin. / Click & Boat

La saison nautique n’en est qu’à ses prémices, mais tous les grands acteurs du marché de la plaisance avancent leurs pions. Mardi 12 juin, la société de location de bateau en ligne Click & Boat devait annoncer une levée de fonds de 4 millions d’euros. C’est une somme relativement importante pour ce secteur de taille réduite.

La start-up, créée en 2013, avait déjà levé 1,7 million d’euros. Ses fidèles actionnaires, dont le fonds OLMA Capital Management (actionnaire de la plate-forme de location d’avion Wijet ou la chaîne d’hôtel H8), ont souscrit à cette nouvelle augmentation de capital.

« C’est un investissement historique, se félicite Edouard Gorioux, l’un des cofondateurs de la PME. Nous venons de fêter nos quatre ans d’activité, avec une croissance qui ne se dément pas. L’an dernier, nous avons doublé le chiffre d’affaires de la plate-forme. Et grâce à ces nouveaux moyens, nous poursuivrons la consolidation en cours du secteur. Nous voulons notamment accélérer notre internationalisation. »

Selon les données de Google Trends, Click & Boat devance l’autre grande plate-forme de mise en relation de propriétaires et de locataires de bateaux de plaisance, SamBoat. Les deux sites assurent réunir environ 12 000 bateaux de particuliers et 10 000 de professionnels. « Nous avons fait naviguer 300 000 plaisanciers depuis le démarrage », souligne M. Gorioux. « Environ 100 000 particuliers ont loué chez nous, assure pour sa part Laurent Calando, de SamBoat. On sent que la croissance décélère un peu en France, alors qu’elle accélère en Europe. »

« En France, la part de marché de la location des plates-formes est de 3 % - 4 %, tandis qu’elle est plus proche de 1 % ailleurs », ajoute Edouard Gorioux. Désormais, les deux sociétés nourrissent donc des visées internationales. Si SamBoat privilégie son ancrage européen, Click & Boat a installé un bureau à Miami pour développer son offre au pays de l’Oncle Sam.

« Au début d’une grande aventure »

Entre l’Amérique du Nord et l’Europe, le marché de la location pèse près de 6 milliards d’euros

« Aujourd’hui, plus de 50 % de nos réservations sont effectuées par des clients étrangers, sur des bateaux situés hors de France, explique Jérémy Bismuth, cofondateur de Click & Boat. Notre ambition est de continuer à consolider notre présence internationale, en ouvrant de nouveaux marchés et en réalisant des acquisitions de sociétés concurrentes. » Les Etats-Unis représentent déjà 10 % du chiffre d’affaires de la PME de 60 personnes.

« Le potentiel de ces plates-formes de partage est énorme, estime François Gabart, le navigateur au grand large et actionnaire parrain de Click & Boat. Nous ne sommes encore qu’au début d’une grande aventure. » En effet, entre l’Amérique du Nord et l’Europe, le marché de la location pèse près de 6 milliards d’euros.

Mais les candidats sont nombreux aux côtés des loueurs privés traditionnels. Face aux plates-formes, une nouvelle offre est en train de prendre forme, avec l’entrée des grands constructeurs sur ce marché du service. Mi-2017, Fountaine Pajot a mis la main sur le loueur Dream Yacht Charter, tandis que Bénéteau, le leader mondial de la plaisance, a lancé sa plate-forme d’achat, de vente et de location, Band of Boats, en partenariat avec ses concessionnaires revendeurs.

« Leur arrivée est stimulante, veut croire M. Calando. Cependant, ils restent cantonnés à la location à la semaine, et non journalière, comme nous. Pour faciliter cette forme de location, nous venons d’ailleurs de lancer le contrat dématérialisé par mobile. »

Les plates-formes doivent encore trouver leur équilibre économique. « Click & Boat est rentable depuis 2015, affirme Edouard Gorioux. Et les levées de fonds permettent d’investir dans un déploiement plus rapide. » « Depuis notre lancement, nous avons levé 2 millions d’euros et nous sommes en train de consolider notre rentabilité. Si nous sommes à l’équilibre en France, nous visons également l’équilibre à l’étranger dès cette année, avance pour sa part M. Calando. En revanche, nous ne souhaitons pas lever davantage dans l’immédiat, nous préférons nous développer sur nos fonds propres. »