De gauche à droite, les ministres des affaires étrangères ukrainien, français, allemand et russe, lors de la réunion à Berlin, le 11 juin. | Michael Sohn / AP

Paris et Berlin se voulaient prudemment optimistes lundi soir pour le processus de paix en Ukraine qu’ils parrainent, à l’issue d’une réunion où Russes et Ukrainiens se sont réengagés en faveur d’un cessez-le-feu attendu de longue date.

« Toutes les parties se sont de nouveau exprimées en faveur d’un cessez-le-feu durable – et celui-ci inclut le retrait des armes lourdes, le désarmement de troupes, le déminage dans la région (du Donbass) – et de l’accès de la mission d’observateurs de l’OSCE », a déclaré le ministre allemand des Affaires étrangères Heiko Maas après cinq heures de réunion tardive à Berlin avec ses homologues français, russe et ukrainien.

Cette rencontre ne visait pas à réaliser une percée diplomatique mais à renouer le dialogue après seize mois sans réunion et une escalade des tensions dans l’est de l’Ukraine où le cessez-le-feu prévu par les accords de Minsk de février 2015 est violé une multitude de fois chaque jour.

Le ministre français Jean-Yves Le Drian a donc salué lundi une « dynamique positive » et son homologue russe Sergueï Lavrov a évoqué « une rencontre très utile » même si « nous n’avons pas réussi à régler tous les problèmes liés à la mise en oeuvre des accords de Minsk ».

Quant à l’idée d’une force de maintien de la paix de l’ONU, les quatre ministres l’ont évoquée à Berlin lundi soir, mais elle semble exclue tant que le cessez-le-feu ne sera pas respecté.

Le conflit entre Kiev et les séparatistes pro-russes du Donbass a fait environ 10 000 morts en quatre ans et des centaines de milliers de déplacés.

Tension entre Kiev et Moscou

Mais signe du regain d’intérêt et d’activité diplomatique, le Conseil de sécurité de l’Onu a adopté début juin sa première résolution sur le conflit depuis janvier 2017, afin de dénoncer les violations du cessez-le-feu.

Le président russe Vladimir Poutine et son homologue ukrainien Petro Porochenko ont eu quant à eux une rare conversation téléphonique samedi pour évoquer notamment un « échange de prisonniers ». Cette question a aussi été évoquée lundi à Berlin.

Mais la méfiance entre Russes et Ukrainiens reste considérable, comme l’a illustré encore fin mai l’étrange faux assassinat du journaliste russe Arkadi Babtchenko en Ukraine, les services de renseignement ukrainiens justifiant leur mise en scène par la nécessité d’enrayer un vrai complot ourdi selon eux par Moscou.

Vladimir Poutine a, lui, mis en garde Kiev contre toute « provocation » visant les séparatistes pro-russes du Donbass durant le Mondial de football qui s’ouvre le 14 juin en Russie. Cela « aurait des conséquences très graves pour l’Ukraine en tant qu’Etat », a-t-il menacé.

Des sanctions européennes toujours en place

La reprise à Berlin du dialogue à quatre intervient aussi alors que le Kremlin se prend à espérer une levée des sanctions imposées par l’UE en raison du conflit ukrainien.

M. Poutine peut notamment compter sur l’arrivée au pouvoir en Autriche et en Italie de gouvernements plus pro-russes, portés par des partis d’extrême droite ou populistes. Mais d’autres en Europe, Pologne en tête, réclament à l’inverse toujours plus de fermeté face à Moscou.

« C’est une partie non négligeable de notre processus de discussion avec les leaders de la France, de la République fédérale allemande », a affirmé ainsi Vladimir Poutine, selon qui en Europe beaucoup affirment « publiquement » qu’il « est temps de sortir des sanctions ». Paris et Berlin ont, eux, réaffirmé que la levée des sanctions dépendra de l’application des accords de Minsk.