Zidane et ses copéquipiers se sont imposés face à une sélection étrangère (3-2), à Nanterre. / THOMAS SAMSON / AFP

Les champions du monde 1998 ont réalisé un nouvel exploit, mardi 12 juin : réconcilier la U Arena – rebaptisée à l’occasion Paris la Défense Arena – avec une équipe nationale. Loin de l’accueil frigorifique, voire totalement désintéressé, réservé à l’équipe de France de rugby face au Japon, le 25 novembre 2017, la salle de Nanterre a traversé l’affrontement entre les Bleus de 98 et une sélection d’anciennes gloires comme une longue communion.

Pendant que l’immense écran qui barre l’un des deux virages de l’enceinte diffusait des clichés de la belle époque, chaque ballon tricolore valait à son propriétaire les acclamations des 30 000 spectateurs présents. Qu’il s’agisse d’une passe de quelques mètres ou de la récupération d’un ballon abandonné par l’adversaire, le plus banal des gestes tenait soudain de l’exploit.

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En face, l’équipe composée d’anciens internationaux de la même époque (Slaven Bilić, Edgar Davids, Christian Vieri ou Hristo Stoitchkov) n’avait droit qu’à un silence de plomb. A peine quelques applaudissements pour saluer l’ouverture du score de Fernando Morientes au bout de dix minutes de jeu. Lancé en profondeur, l’ancien attaquant de Monaco et du Real Madrid effaçait sereinement Fabien Barthez et marquait dans le but vide.

Fabien Barthez à l’Elysée

Dominés, les Français s’en sont souvent remis à Thierry Henry. Plus rapide et fringuant que ses anciens partenaires, le meilleur buteur de l’histoire d’Arsenal (Angleterre) s’est offert quelques parties de jongles en bord de touche. C’est d’ailleurs lui qui permettra à l’équipe de France d’égaliser. A l’entrée de la surface, l’avant-centre s’est amusé avec Zidane avant de décocher un plat du pied dont il a détenu le brevet quinze ans durant.

Très vite, l’âge s’est cependant rappelé aux protagonistes. Incapables de tenir une période – déjà ramenée à quarante minutes – les plus usés retrouvaient la touche quand les survivants s’en remettaient à un jeu de passes certes moins spectaculaire, mais indispensable pour mener la fête à son terme.

Placé face au virage, Fabien Barthez s’est chargé de mettre l’ambiance. Balançant chaque ballon récupéré dans les tribunes, le « Divin chauve » s’est offert les faveurs d’un public plébiscitant son entrée à l’Elysée. Remplacé par Bernard Lama à la mi-temps, le gardien a refait son apparition dans les dernières minutes de la partie, en joueur de champ.

Et Zidane ? Même mêlé à ses vingt-et-un partenaires du Mondial-98, l’ancien entraîneur du Real Madrid est parvenu à se distinguer. Dans les tribunes d’abord. Entré en dernier sur la pelouse, le double buteur de la finale du sacre a reçu un accueil à sans comparaison avec celui, déjà bruyant, de ses coéquipiers.

Pour parachever son œuvre, l’ex numéro dix y est allé de sa petite merveille sur la pelouse. Au retour des vestiaires, le milieu a parfaitement enroulé un coup franc non loin de la surface de réparation de David « Calamity » James. Il n’en fallait pas plus pour faire exploser la salle.

Dernière rencontre sous ce format

Un dernier but, chanceux, de Vincent Candela assurera à la France une victoire anecdotique. Parqués au bas du virage, le club des supporters des Bleus en a profité pour répéter leurs gammes avant la Coupe du monde en Russie. Chanson phare de leur répertoire : le détournement créé par les fans marseillais à l’attention du président de l’Olympique Lyonnais Jean-Michel Aulas. La parodie sauce tricolore s’est choisie Gérard Depardieu pour cible, en un clin d’œil à sa domiciliation dans le pays hôte du prochain Mondial.

Joyeuse et guère ennuyeuse, malgré le passage de vingt ans sur une génération qui ne s’est toujours pas trouvée de remplaçante en France, la rencontre fut sans doute la dernière sous ce format. « Je pense que c’est la dernière fois qu’on commémore cet anniversaire, déclarait le « président » Laurent Blanc au Monde. Entre joueurs, on n’a pas besoin d’organiser un tel match pour se voir, manger ensemble et rigoler un bon coup. » Charge à la nouvelle génération de prendre le relais.