A Koungou sur l’île de Mayotte, dans un bidonville où de fortes pluies ont provoqué un glissement de terrain, le 11 janvier 2018. / ORNELLA LAMBERTI / AFP

A Mayotte, la population vit dans l’angoisse depuis un mois : un phénomène de séismes en essaim sévit, provoquant jusqu’à des dizaines de secousses telluriques par jour. Depuis le 10 mai, la préfecture de Mayotte a en effet recensé plus de 1 400 secousses dont plus de 20 de magnitude supérieure à 5 et plus de 140 de magnitude supérieure à 4.

En cause : une activité tectonique avec « une composante volcanique potentielle », à l’origine de secousses dont l’épicentre est situé à environ 50 km à l’est de Mamoudzou, la capitale, selon le Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM). Certaines journées, des pics sont atteints, comme le 4 juin où 25 séismes de magnitude supérieure à 4 ont été enregistrés en vingt-quatre heures. La plus forte secousse jamais recensée dans l’île a été enregistrée à une magnitude de 5,8 le 15 mai.

« La durée de l’essaim est impossible à prévoir », confirme le Bureau de recherches géologiques et minières sur son site. Une caractéristique qui n’est pas de nature à rassurer les populations, d’autant qu’il n’est « pas possible d’exclure qu’un séisme de magnitude supérieure à celles déjà observées se produise ».

Une mission du groupe d’intervention macrosismique, actuellement sur le territoire, a pour « objectif d’estimer les niveaux des dommages » en se rendant dans les 17 communes de l’île, a expliqué la préfecture de Mayotte. La mission rendra un rapport à la commission interministérielle chargée de se prononcer sur le classement éventuel en catastrophe naturelle.

« Un certain nombre de bâtis ou de structures ont été dégradés » chez les particuliers et dans le domaine public, a relevé la préfecture, qui ne dispose pas encore d’assez d’éléments pour dresser un état des lieux des dégâts matériels. Cependant, dix familles ont été évacuées et relogées depuis le début de la crise sismique, a-t-elle précisé.

Numéro d’appel pour « la prise en charge des angoisses »

Les premiers jours, plusieurs centaines d’habitants ont quitté leur logement pour dormir dans la rue, de peur que le toit leur tombe dessus. Une « psychose », selon les mots du directeur de l’Union départementale des associations familiales (UDAF), qui a poussé la préfecture à renforcer sa communication et l’agence régionale de santé (ARS) à envisager la mise en place d’une cellule psychologique au sein de l’hôpital.

Depuis le début de la crise, une quinzaine de personnes ont mobilisé les secours, pour « des crises d’angoisse » et des chutes dans les escaliers, rapporte Geneviève Dennetiere, médecin à l’ARS. Après chaque séisme, le SAMU reçoit une dizaine d’appels « de gens paniqués », ajoute-t-elle.

La préfecture a annoncé jeudi la mise en place d’un numéro d’appel pour « la prise en charge des angoisses et troubles psychologiques générés par les séismes ». Une équipe de professionnels de santé spécialisés assure la réponse téléphonique.

Du côté des établissements scolaires, des experts ont visité plus d’une dizaine de bâtiments du second degré, a déclaré le vice-rectorat de Mayotte. Plus d’une dizaine de salles de trois collèges ont été fermées « par précaution », certaines salles ont été étayées et deux étages d’un collège ont été « condamnés ». Dans certains établissements, des horaires aménagés ont été mis en place afin que les élèves puissent continuer à avoir cours.