Ousmane Dembélé et Kylian Mbappé, lors de la rencontre amicale France-Italie,au stade Allianz Riviera, à Nice, le 1er  juin. / VALERY HACHE/AFP

Déjà lointains, mais toujours aussi vivaces. Les souvenirs d’une nuit d’ivresse et de la communion qui a suivi, inscrits dans notre patrimoine national mémoriel, ne ­demandent qu’à être ravivés, vingt ans après la victoire des Bleus à la Coupe du monde 1998. Il y a deux ans, chez elle, l’équipe de France s’est remise à fabriquer du rêve ; il lui reste à reprendre l’écriture de son palmarès, et la Coupe du monde en Russie, qui débute ce jeudi 14 juin, tombe fort à propos. Emmenés par une génération exceptionnelle, les Bleus font figure de favoris avec l’Allemagne, championne en titre, l’Espagne et le Brésil.

Les deux tiers de cette équipe de France n’avaient pas signé leur première licence le 12 juillet 1998, et Kylian Mbappé, pas le moins ­talentueux, n’était pas né. Mais la vague nostalgique des derniers jours les a forcément effleurés et, s’ils s’agacent d’un climat de doute, qu’ils se souviennent du flot de critiques qui s’était abattu sur l’équipe d’Aimé Jacquet avant son Mondial. Le sélectionneur Didier Deschamps, capitaine de l’époque, trouvera dans ses souvenirs matière à rassurer ses joueurs, qui constituent l’une des 32 sélections en lice : une dynamique victorieuse s’enclenche une fois la compétition commencée, se niche dans les ­détails et, parfois, en appelle à la chance.

Les yeux braqués sur la Russie

En Russie, ils trouveront une atmosphère déjà éloignée de celle d’il y a quatre ans au Brésil, où le football était chez lui. Il n’y aura ni l’excitation des passionnés, malgré le million de fans s’apprêtant à rallier le pays des tsars, ni les manifestations des locaux s’insurgeant des dépenses engagées. Mise au ban du sport mondial depuis la révélation d’un vaste système de dopage supervisé par l’Etat, la Russie sait que le monde aura les yeux braqués sur elle pendant un mois. Dans un contexte géopolitique tendu, le moindre incident ternirait l’image, déjà écornée, d’un pays qui souhaite montrer au reste de la planète sa grandeur, sa ­modernité et son sens de l’accueil.

Après les violents incidents survenus lors de l’Euro 2016 en France, les hooligans russes ont fait l’objet d’une mise sous tutelle par le Kremlin. Un décret signé par le président Vladimir Poutine a restreint drastiquement le droit de ses compatriotes à manifester pendant la compétition. Mais, parmi les maux du football russe, certains seront plus difficilement contrôlables : la presse du monde entier guettera les insultes homophobes ou les cris racistes dans les stades.

Ce Mondial sera aussi le premier pour la FIFA ­depuis le scandale qui a, en 2015, décrédibilisé l’instance suprême du football mondial. La Coupe du monde en Russie, attribuée en 2010 – le même jour que l’attribution au Qatar pour 2022 –, est aussi à l’origine des ennuis de Sepp Blatter. ­Depuis, la révolution des mœurs annoncée n’a pas eu lieu, comme le raconte notre enquête sur la FIFA de Gianni Infantino.

Passage en force vers la Coupe du monde à 48 équipes, prévu pour 2026, introduction de l’assistance vidéo à l’arbitrage pour 2018 n’effaceront pas les polémiques : de simples péripéties que le temps reléguera, dans nos souvenirs, loin derrière les émotions. Oublier la FIFA pour ne retenir que le football, c’est la force du Mondial, « passion ­absurde et dévorante », comme l’écrit Olivier Guez, envoyé spécial de luxe pour Le Monde en Russie.

  • Le Mondial dans Le Monde

Pour bien se préparer à l’intense période de football qui arrive – 64 matchs entre le 14 juin et le 15 juillet, soit un match toutes les 11 heures en moyenne Le Monde vous propose une couverture totale, à la façon d’un Johan Cruyff, de la Coupe du monde en Russie. Nous avons voulu que notre dispositif – sur le site, le quotidien et notre blog dédié « La campagne de Russie » – soit adapté à la fois à ceux qui suivent fanatiquement le football le reste de l’année et à ceux qui ne s’y intéressent qu’une fois tous les quatre ans.

Le parcours de l’équipe de France – les matchs, les entraînements, les conférences de presse légendaires de Didier Deschamps – rythmera bien entendu notre travail. Pour connaître parfaitement chacune des 31 autres équipes en compétition, nous vous avons préparé un Guide Suprême du Mondial : fiches individuelles, analyses tactiques & techniques bien sûr, mais aussi anecdotes à sortir pendant les mi-temps et spécialités culinaires locales. Et si vous voulez deviner les scores des matchs et partager les pronostics avec vos amis, c’est possible.

Depuis le « Chaudron de Blanqui », autre nom de notre quartier général parisien, la rédaction suivra en direct la quasi-totalité des matchs, avec des amplitudes horaires allant parfois de 12 heures à 23 heures. Comme d’habitude, on consacrera autant de temps à l’analyse de la rencontre en cours qu’à répondre à vos questions ou à vos blagues.

En Russie, nos quatre envoyés spéciaux seront présents pour les temps forts de la compétition. Depuis les stades de Nijni-Novgorod et de Rostov-sur-le-Don, ou dans les rues de Moscou et de Sibérie ils suivront la grande fête du football en Russie.