Le ministre de la culture espagnol, Maxim Huerta, lors de l’annonce de sa démission, le 13 juin à Madrid. / JUAN MEDINA / REUTERS

Six jours. Jamais un ministre n’avait si peu duré en Espagne. L’écrivain et ex-présentateur de télévision Maxim Huerta, ministre de la culture et des sports dans le tout jeune gouvernement du socialiste Pedro Sanchez, a été contraint de démissionner, mercredi 13 juin au soir. Pendant la journée, la polémique sur le redressement fiscal de 220 000 euros dont il a fait l’objet entre 2006 et 2008 n’avait cessé d’enfler.

A l’époque, l’éphémère ministre avait créé une société destinée à percevoir ses honoraires de manière à abaisser considérablement le montant de ses impôts. Une pratique courante dans les milieux audiovisuel, artistique et sportif et sont s’est défendu M. Huerta lors de l’annonce de sa démission :

« Peu importe que je n’aie pas commis de fraude fiscale, ce qui compte c’est le bombardement contre moi. Ce qui est recherché, c’est de miner le projet de régénération et de transparence porté par le président Sanchez, et je ne vais pas le permettre. »

En Espagne, on ne plaisante plus avec l’intégrité morale et financière des élus. Le royaume, qui croule sous les affaires de corruption, a décidé de dire basta. A la moindre tache, les médias en font les gros titres, et les réseaux sociaux s’enflamment en brandissant, dès qu’un élu tarde à démissionner, l’exemple de la Suède ou d’autres pays du nord de l’Europe.

Interview télévisée de 2015

Pedro Sanchez a subi les premières conséquences de cette « tolérance zéro ». Poussé par le Parti populaire (PP, droite) et Podemos, qui demandaient la tête de M. Huerta, il pouvait d’autant moins être indulgent envers son ministre qu’il est arrivé au pouvoir après une motion de défiance contre Mariano Rajoy, à la suite de la condamnation de son parti dans une vaste affaire de corruption.

Des archives ont fini par convaincre M. Sanchez : les journalistes ont déniché une interview télévisée de 2015, lors de laquelle il donnait des leçons à l’un des fondateurs de Podemos, Juan Carlos Monedero, pour avoir utilisé le même subterfuge fiscal que M. Huerta :

« Si j’ai, dans la direction de mon parti, quelqu’un qui crée une entreprise dans le but de payer la moitié de ses impôts, il sera dehors le jour suivant. »

Pedro Sanchez a tenu sa promesse et nommé l’ex-directeur du Musée Reina Sofia et de la fondation Casa Encendida, José Guirao, pour remplacer M. Huerta, deux heures après sa démission. Le temps, sans doute, d’éplucher ses antécédents fiscaux.