L’ancien chef du FBI James Comey s’est affranchi des règles en supervisant l’enquête sur Hillary Clinton avant la présidentielle de 2016, mais a il exclu de poursuivre la candidate démocrate de façon impartiale, conclut un rapport officiel publié jeudi 14 juin [au format PDF].

Ce rapport, très attendu car présenté comme susceptible d’être une bombe politique, risque donc de ne pas avoir l’effet escompté par M. Trump, qui n’a de cesse d’affirmer que les démocrates s’étaient alliés avec des membres du FBI pour aider Mme Clinton à accéder à la Maison Blanche.

« Même si nous n’avons pas établi que ces décisions étaient le résultat d’un parti pris politique de la part de Comey, nous avons néanmoins conclu qu’en s’écartant si clairement et de façon si spectaculaire des normes du FBI et de celles du département [ministère], elles ont eu un impact négatif sur le FBI et sur le département de la justice », écrit dans ce rapport l’inspecteur général Michael Horowitz, qui relève par ailleurs que M. Comey s’est montré « insubordonné ».

Le rapport de Michael Horowitz, inspecteur général du département de la justice, découle d’une enquête ouverte environ une semaine avant l’arrivée de Donald Trump à la Maison Blanche, en janvier 2017. L’enquête avait pour enjeu principal de déterminer si les déclarations publiques de James Comey pendant la campagne présidentielle sur l’utilisation par Hillary Clinton d’une messagerie électronique privée lorsqu’elle était secrétaire d’Etat (2009-2013) avaient bien été conformes aux procédures.

Revirements de James Comey

En juillet 2016, James Comey avait annoncé, lors d’une conférence de presse, que le FBI ne recommanderait aucune poursuite contre Hillary Clinton à propos de ces courriels. Il avait cependant déploré le comportement « extrêmement imprudent » de l’ex-secrétaire d’Etat, tout en estimant ne pas disposer d’éléments suffisants pour l’accuser d’infraction fédérale.

En octobre 2016, moins de dix jours avant l’élection, M. Comey avait envoyé aux membres du Congrès une lettre annonçant que l’enquête avait été rouverte après la découverte de nouveaux emails sur l’ordinateur de l’ancien représentant Anthony Weiner, époux de Huma Abedin, une proche conseillère de Mme Clinton.

Deux jours avant l’élection, le 8 novembre 2016, James Comey avait annoncé que le FBI n’avait trouvé aucun nouvel élément susceptible d’incriminer Hillary Clinton. Mais les démocrates ont estimé que l’initiative du directeur du FBI avait contribué à semer le doute quant à la probité de leur candidate, régulièrement taxée de « crook » (« escroc ») par M. Trump, et à lui faire perdre des voix essentielles lors de la présidentielle.

James Comey a été limogé par Donald Trump en mai 2017, alors qu’il conduisait une enquête sur les soupçons de collusion entre l’équipe de campagne du président et la Russie. Dans une tribune publiée dans le New York Times, l’ancien directeur du FBI réagit : « Je ne suis pas d’accord avec toutes les conclusions de l’inspecteur général, mais je respecte le travail de son bureau et salue son professionnalisme. »

Fuite en direction de l’entourage de Donald Trump

L’enquête de Michael Horowitz avait également pour objet de vérifier si des employés du FBI avaient fait fuiter des informations à propos d’investigations concernant la Clinton Foundation afin d’aider son rival républicain.

Selon des enquêteurs, ces informations ont été transmises à l’ancien maire de New York Rudolph Giuliani, alors conseiller de l’équipe de campagne de M. Trump et aujourd’hui son avocat dans l’enquête du procureur spécial Robert Mueller sur l’ingérence de la Russie dans la présidentielle de 2016.

Le rapport Horowitz avait enfin pour objectif d’examiner le rôle de deux agents du FBI, Peter Strzok et Lisa Page, que les républicains accusent de partialité anti-Trump depuis la découverte de milliers de SMS envoyés de leurs téléphones portables professionnels.

Même si certains messages visaient l’actuel président américain, d’autres ciblaient des élus du Congrès, parmi lesquels le sénateur Bernie Sanders, adversaire de Hillary Clinton lors de la primaire démocrate.

Peter Strzok participait à l’enquête de Robert Mueller et il a également joué un rôle essentiel dans l’enquête sur les courriels de Mme Clinton. Robert Mueller l’a retiré l’été dernier de l’« enquête russe » après avoir été informé de l’existence des SMS par Michael Horowitz.