La Grande Récré de Bruay-la-Buissiere (Pas-de-Calais) le 20 novembre 2010. | DENIS CHARLET / AFP

La Grande Récré sera-t-elle sauvée ? Placée en redressement judiciaire depuis le 13 mars, l’enseigne française de distribution de jouets du groupe familial Ludendo, a annoncé mercredi 13 juin avoir déposé auprès du tribunal de commerce de Paris un plan de continuation de l’activité le 11 juin. Celui-ci prévoit une profonde transformation de l’entreprise, qui représente 9 % du marché de la distribution de jouets en France, avec un recentrage sur son activité rentable autour de la marque La Grande Récré. Le tribunal devrait décider d’ici fin juillet s’il valide ce plan.

L’entreprise détenue à 62 % par la famille Grunberg prévoit de fermer ou céder ses filiales déficitaires en Belgique, en Espagne et en Suisse, pour ne conserver en direct que des magasins La Grande Récré en France. Malgré tout l’Hexagone va également être affecté par ce plan : 62 magasins sur les 166 que l’enseigne détient en direct en France ont été considérés comme non rentables (loyer trop élevé, site commercial en déclin…), et devraient être vendus ou fermés. Une dizaine d’entre eux a déjà été sortie du périmètre.

Les sites d’e-commerce du groupe, Avenue des Jeux, Rue des Maquettes, et Rue des Puzzles, rachetés en juin 2013, ont été mis en vente. Tandis que les marques, Rue de la fête, spécialisée dans les déguisements, et Loisirs et Création, pour les articles créatifs, ont été arrêtées et verront uniquement leurs produits pour enfants réintégrer l’offre de La Grande Récré.

L’enseigne Starjouet, exploitée exclusivement en franchise n’est pas concernée par les fermetures, ni la centaine de magasins franchisés de La Grande Récré. Au total, ce plan de transformation concernera environ 300 personnes dont une quarantaine au siège de l’entreprise. Un plan de sauvegarde de l’emploi (PSE) est déjà en cours.

Nouveau modèle économique

Le plan de continuation prévoit aussi un étalement de la dette de 153 millions d’euros sur neuf ans. « Une dette, qui était mal structurée, avec des taux d’intérêts trop élevés, et des clauses de financement à respecter en permanence qui ne nous permettaient pas de réaliser certaines actions. Même la mise en place de promotions conduisait à des hésitations », explique au Monde Jean-Michel Grunberg, PDG du groupe Ludendo. Confronté à la concurrence d’Internet et à la chute du marché, l’enseigne n’a pas réalisé les ventes escomptées : en 2017, le groupe a réalisé 460 millions de chiffre d’affaires sous enseignes, contre plus de 500 millions d’euros en 2016. Et les banquiers n’ont pas renouvelé les lignes de crédits, alors qu’une importante échéance arrivait mi-2018. La Grande Récré espère, grâce à ce plan générer 165 millions d’euros de flux de trésorerie disponible de son activité sur neuf ans, qui s’ajouteraient aux 25 millions d’euros dont l’entreprise dispose aujourd’hui, ce qui lui permettant ainsi de couvrir ses dettes.

« La moitié de notre dette avec les fournisseurs sera remboursée cette année », assure M. Grunberg. Beaucoup montraient des hésitations à livrer les magasins par crainte de ne pas être payés. Pour continuer à être approvisionné, le distributeur a mis en place un nouveau modèle économique avec certains fabricants de jouet en prenant la marchandise sous forme de dépôt-vente.

En parallèle, La Grande Récré va réorganiser son offre numérique. Elle dotera ses vendeurs en magasin d’outils mobile pour pouvoir commander à partir du magasin l’ensemble de l’offre de l’enseigne et la faire livrer à domicile ou en magasin. Pour optimiser le modèle, le distributeur travaille à la mutualisation de l’ensemble de ses stocks qu’ils proviennent de l’entrepôt ou des magasins. De 3,5 % de son chiffre d’affaires actuellement, La Grande Récré espère réaliser 15 % de ses ventes en ligne d’ici cinq ans.