« L’organisation des Jeux olympiques, c’est une vraie épreuve qui s’inscrit dans quelque chose entre le marathon et la course d’obstacles », a déclaré le premier ministre, Edouard Philippe, jeudi 14 juin, lors d’un discours à l’Hôtel de ville de Paris, précédant la signature du protocole d’organisation des Jeux olympiques et paralympiques de 2024, à Paris.

D’obstacles, il a beaucoup été question ces derniers temps. Tout l’enjeu de cette rencontre consistait à démontrer que le dernier en date était franchi. A quelques jours de l’arrivée du Comité international olympique (CIO), les 18 et 19 juin, pour un point d’étape, l’Etat, les collectivités et les organisateurs ont présenté une nouvelle feuille de route, pour faire face au risque de surcoûts identifiés dans un rapport d’experts fin mars.

Le rapport de l’Inspection générale des finances (IGF) – commandé par le gouvernement – alertait sur un potentiel dépassement du budget des JO, de près de 500 millions d’euros, soit « 10 % par rapport au coût des Jeux » rappelle Anne Hidalgo. Une nouvelle embarrassante alors que la rigueur budgétaire a été l’un des arguments de la candidature parisienne.

Un milliard d’euros de l’Etat

En réaction, le nouveau tableau financier sur lesquels les partenaires sont tombés d’accord a inversé la tendance. Il devrait être à l’équilibre, affirme-t-on à l’unisson. « On a limité les risques de sortie du budget, il est aujourd’hui complètement maîtrisé », assure Tony Estanguet, président du comité d’organisation des JO 2024.

Les directives de l’Elysée étaient sur ce point sans appel. « Le président a été très clair, nous devons respecter les enveloppes initiales », a rappelé Edouard Philippe, devant les membres du mouvement sportif et un parterre d’élus locaux. Même son de cloche du côté « de toutes les collectivités engagées », a complété la maire de Paris.

Car avec 1,4 milliard d’euros de fonds public, dont 1 milliard de la part de l’Etat, l’argent public représente « 25 % du budget total » de ces Jeux (6,8 milliards), calcule le premier ministre. Un montant qui « doit être tenu et le sera ». Pour rentrer dans les clous, les organisateurs ont dû suivre certaines des recommandations émises par l’IGF, comme la suppression d’un site de volley-ball au Bourget (Seine-Saint-Denis).

Mais c’est le projet de centre aquatique de Saint-Denis qui polarisait les inquiétudes, avec un surcoût potentiel affiché de 170 millions d’euros. S’il n’est pas abandonné, son envergure tant financière que spatiale s’en trouve diminuée, passant de 130 à 90 millions d’euros. Une piscine et des bassins démontables – qui devront être réinstallés en Seine-Saint-Denis – viendront compléter la construction du nouveau stade olympique maintenu.

Véritable défi

D’autres recommandations sont, elles, passées à la trappe. La taille du village olympique (17 000 lits) ne sera pas réduite et la passerelle piétonne prévue au-dessus de l’A1 ne sera pas suspendue. Où auront lieu les autres coupes ? En réalité, « le budget est optimisé » avance la ministre des sports, Laura Flessel, notamment pour village des médias qui a été « rationalisé et optimisé » selon Edouard Philippe.

Afin de rassurer les collectivités, la rhétorique du gouvernement met aussi l’accent sur la « maximisation de l’héritage » qui leur sera laissé en termes d’infrastructures, notamment à la Seine-Saint-Denis dont les élus avaient fait savoir qu’ils refuseraient un « projet au rabais », après la sortie du rapport en mars. « Au lieu de donner à la Seine-Saint-Denis cinq piscines, on parle maintenant de huit piscines. Lorsque l’on sait qu’un enfant sur deux ne sait pas nager en 6e, là on va optimiser la lutte contre la précarité et aussi la pratique sportive », défend la ministre des sports.

Tenir le cap de la rigueur budgétaire s’annonce être un véritable défi si l’on prête attention aux précédentes éditions. Depuis 1984, toutes les villes hôtes ont dû revoir à la hausse leur budget prévisionnel. Un défi d’autant plus grand que risque de se poser la question des transports, alors que la Cour des comptes a émis en janvier de « sérieuses interrogations » sur le respect du calendrier du métro du Grand Paris Express, sur lequel se basent les calculs des organisateurs.