C’est une solution qui arrange tout le monde. Stéphane Le Foll devait être élu maire du Mans, jeudi 14 juin, après la mort de Jean-Claude Boulard, le 31 mai. L’ancien porte-parole du gouvernement a été désigné par le groupe socialiste du conseil municipal. Les élus communistes et écologistes souhaitent eux aussi reconduire la majorité élue en 2014, mais annoncent vouloir être « vigilants ». M. Le Foll devra donc quitter l’Assemblée nationale, où il a été réélu député de la Sarthe, en juin 2017.

Ses nouvelles fonctions l’éloigneront également du siège du Parti socialiste. Et c’est une nouvelle qui soulage plusieurs dirigeants du PS. Candidat malheureux au poste de premier secrétaire, Stéphane Le Foll n’a pas rendu les armes après le congrès d’Aubervilliers du mois d’avril. Il ne se prive pas de contester en permanence les décisions prises par Olivier Faure, le nouveau patron du parti. « L’opposition entre Le Foll et Faure structure tout le débat. A chaque bureau national, il monte au créneau », raconte un membre de la direction.

Olivier Faure le reconnaît : « Stéphane Le Foll s’est mis dans une situation d’opposant régulier. C’est insensé vu notre histoire commune et ce que l’on défend. Il n’y pas de place pour le conservatisme ni pour la division. »

« Guérilla »

Ces tensions se sont cristallisées autour d’un texte sur l’Europe. « Faure nous amène un texte, un soir de bureau national. Je n’étais pas content, reconnaît Stéphane Le Foll. Cela disait que l’on était européen mais que tout était raté, il n’y avait aucun lien de fait entre la montée des populismes et les problèmes d’immigration. Tout est la faute de l’Europe libérale… Alors oui, j’ai gueulé. Je fais de la politique, je suis là pour dire ce que je pense. »

Des membres de la majorité estiment pour leur part que le Sarthois veut se « démarquer » en faisant « un procès en incompétence » : « Il n’a pas accepté la légitimité d’Olivier Faure. Il pense pouvoir être un recours en cas de problème. » L’aile gauche du PS, qui entretient des relations cordiales avec M. Faure malgré les différences sur le fond, partage cet avis : « Stéphane s’attendait à gagner, il a été déçu. Il joue très clairement le remplacement », note l’un de ses cadres.

Des hypothèses que M. Le Foll balaie avec son franc-parler habituel : « Je n’en ai rien à foutre. Ceux qui disent cela sont des médiocres. Je ne veux pas faire sauter Faure. Je gêne parce que je parle du fond, et ça porte. » Olivier Faure, lui, avertit : « Il n’y a pas de recours. Si on s’effondre, c’est la fin du PS. »

Beaucoup de socialistes expliquent cette inimitié par le passé commun des deux hommes. Ils ont travaillé ensemble, entre 2000 et 2007, au cabinet de François Hollande lorsqu’il était premier secrétaire. M. Le Foll étant le supérieur de M. Faure. L’inversion du rapport hiérarchique serait donc une des raisons de cette « guérilla ». « Cela date de leurs années communes. Sur le fond, il n’y a pas de différence. Mais on ne peut pas parler de fronde. Les gens ne votent pas pour ce qui se passe au bureau national. Les Français veulent savoir si, à gauche, il existe un parti capable de gouverner ou pas », estime un fin connaisseur de la maison PS. Encore faut-il réussir à s’entendre entre soi.