Contrairement à la plupart de ses homologues, la CFDT est l’une des rares centrales syndicales à défendre, dans son principe, une réforme universelle des retraites. Et, fort d’un congrès jugé « réussi », son secrétaire général, Laurent Berger, entend bien peser sur le contenu du texte qui devrait être présenté début 2019. Pendant sa campagne présidentielle, Emmanuel Macron, qui avait fait de ce vaste chantier l’une de ses promesses phares, s’était en effet engagé à ce que « chaque euro cotisé donne les mêmes droits à tous ».

Pour la centrale de Belleville, à Paris, l’enjeu est gros. La thématique est en effet historiquement sensible en interne. En 2003, son soutien à la réforme Fillon, qui visait notamment à aligner progressivement la durée de cotisation des fonctionnaires sur celle des salariés du privé, avait provoqué une crise interne et le départ de plusieurs milliers d’adhérents. Même si l’organisation syndicale est, depuis, bien plus homogène, pas question pour la direction de la CFDT de provoquer de nouveaux remous.

Thème « très anxiogène »

A plusieurs reprises, M. Berger s’est montré élogieux sur la méthode choisie par Jean-Paul Delevoye, haut-commissaire chargé de la réforme, qui a lancé une vaste concertation sur le sujet. Mais, lors de son congrès, qui s’est tenu début juin à Rennes, la confédération n’en a pas moins fixé ses conditions à un éventuel soutien. Dans sa résolution générale, la CFDT rappelle qu’elle milite depuis longtemps pour « la création d’un régime unifié, par répartition, plus simple, plus lisible, plus juste ».

Elle réclame ainsi de « prendre en compte avant tout la durée de cotisation (avec le maintien de bornes d’âge), la pénibilité et l’usure au travail », « renforcer le dispositif des carrières longues », « revoir les avantages non contributifs (familiaux et conjugaux) », « obtenir plus d’équité pour les polypensionnés », « améliorer les basses pensions », « mettre en place une véritable retraite à la carte » et « définir un niveau de pension minimum ».

En attendant, la centrale a lancé une vaste enquête en ligne, intitulée « Parlons retraites », afin de « nourrir les débats ». Lors d’une conférence de presse, mardi 12 juin, M. Berger a expliqué que l’objectif était de recueillir la parole de « 50 000 répondants » sur leurs aspirations en matière de retraites. L’idée n’est pas de plébisciter telle ou telle mesure, mais de « partir des attentes de chacun » sur un thème restant « très anxiogène », selon le numéro un du syndicat.

Le questionnaire sera arrêté fin août, et les résultats présentés en octobre après analyse statistique. Jeudi soir, soit quelques jours après son lancement, plus de 40 000 personnes avaient déjà donné leur avis.