Photo distribuée par Médecins sans frontières, prise à bord de l’« Aquarius », jeudi 14 juin. / AFP PHOTO / MEDECINS SANS FRONTIERES

Après avoir longé les côtes sardes pour se mettre à l’abri des intempéries, l’Aquarius est arrivé à la hauteur de la Corse, dans la nuit du jeudi 15 au vendredi 16 juin, avant de gagner les eaux internationales vendredi après-midi du 16. Affrété par SOS Méditerranée et Médecins sans frontières, ce bateau de sauvetage transporte encore 106 naufragés, sur les 630 personnes de 27 nationalités récupérées dans la soirée du 9 juin à 50 000 milles nautiques au nord est de Tripoli (Lybie). Les femmes, les enfants et les blessés sont restés à bord de l’Aquarius, tandis que les autres rescapés ont été transférés sur deux navires italiens, un garde-côte et un porte-hélicoptères militaire, les trois bâtiments faisant route vers le port de Valence, en Espagne.

La ville espagnole s’apprête à accueillir les embarcations entre samedi 16 au soir et dimanche 17 au matin, l’horaire d’arrivée dépendant de la météo qui n’est toujours pas bonne. Les migrants seront débarqués sur le port olympique, sans doute dans la zone des bateaux de croisière et quitteront les navires de manière échelonnée. Les premiers soins médicaux seront donnés à bord. Certains passagers accusent des blessures reçues lors de leur passage en Lybie, mais la plupart ont aussi souffert du mal de mer et tous sont épuisés par plusieurs jours en mer. A terre, ils seront accueillis un par un par les ONG, dont la Croix-Rouge, Médecin sans frontières, UNHCR, Save the Children. Leur destination sera déterminée en présence d’avocats et en fonction de leur situation – mineurs non accompagnés (ils sont plus d’une centaine), les six femmes enceintes recensées, enfants en bas âge, demandeurs d’asile… Un repas chaud leur sera servi, tandis que l’association des supermarchés de Valence leur fournira des produits de toilette et de la nourriture.

Des offres d’hébergement via un numéro d’appel dédié

« Nous agirons comme le fait l’Europe, selon le protocole habituel », a déclaré la porte-parole du gouvernement espagnol Isabel Celaa, le 15 juin, alors que la possibilité que les migrants soient envoyé dans les centres d’internement des étrangers (CIE), les centres de rétention espagnols, fait débat. Le gouvernement veut éviter de différencier le sort des migrants de l’Aquarius de celui des centaines de migrants qui arrivent chaque semaine en barque sur les côtes espagnoles. La veille, la vice-présidente du gouvernement, Carmen Calvo avait déjà avancé que « certains iront dans les CIE, d’autres dans des centres d’aide humanitaire et de politiques sociales ». Les mineurs devraient rester dans la région, probablement à Alicante, tandis que les autres pourraient être répartis sur la péninsule, plusieurs mairies ayant proposé des logements aux demandeurs d’asile.

La région de Valence connaît une vague de solidarité qui l’a poussée à mettre en place un numéro d’appel spécialement dédié à l’Aquarius. Plus de 800 propositions d’hébergement sont arrivées par ce canal et 1 600 par e-mail. Les dirigeants politiques locaux et nationaux ont, quant à eux, renoncé à se rendre sur place lors du débarquement. « Ce qui est important, ce sont les personnes », a déclaré le président régional valencien, Ximo Puig, qui a demandé de la « sobriété » aux politiques et aux médias.

Du côté français, une mission d’instruction sur place de l’Office français de protection des réfugiés et apatrides (OFPRA) devrait concrétiser les offres d’assistance d’Emmanuel Macron visant à « traiter les situations le plus efficacement possible ».