Manifestation lors des funérailles d’une victime de la répression policière au Nicaragua le 15 juin. / OSWALDO RIVAS / REUTERS

Contre toute attente, et après des négociations qui semblaient dans l’impasse, le gouvernement du Nicaragua et l’opposition ont trouvé un accord vendredi 15 juin au soir, selon la conférence épiscopale, qui a joué les médiateurs. Les parties devaient se retrouver samedi matin pour discuter « le processus de démocratisation du pays », selon la conférence épiscopale qui joue le rôle de médiateur dans le conflit.

Les autorités ont autorisé des observateurs des droits de l’Homme à venir enquêter sur les violences qui ont fait plus de 170 morts en deux mois, selon un dernier bilan. En échange, les représentants de l’opposition ont accepté de lever les blocages qui entravent les routes pour empêcher les forces antiémeutes de passer.

Pas d’élections anticipées

Le président nicaraguayen Daniel Ortega a toutefois refusé d’avancer les prochaines élections générales à 2019, deux ans avant l’échéance prévue, comme le lui avait demandé l’Eglise. L’opposition exige le départ du président Ortega, 72 ans, « héros » de la révolution sandiniste qui a dirigé le pays de 1979 à 1990 après avoir évincé le dictateur Anastasio Somoza, puis est revenu au pouvoir depuis 2007.

La tension reste forte entre les deux camps : au moment même où l’Eglise organisait la réunion de concertation vendredi matin, des milices paramilitaires progouvernementales menaient l’assaut dans au moins quatre quartiers de Managua et de nouveaux affrontements étaient signalés dans les villes de Juigalpa (est) et Nindiri (sud).

170 morts

Vendredi, des milliers de Nicaraguayens ont repris le travail, au lendemain d’une grève générale qui a paralysé le pays, l’un des plus pauvres du continent américain. Au moins quatre personnes, dont un jeune de 15 ans, ont été tuées lors des manifestations de jeudi, selon le Centre nicaraguayen des droits de l’homme (Cenidh). Ce dernier estime que depuis deux mois, la répression de la crise a fait plus de 170 morts et au moins 1 300 blessés.

Déclenchée le 18 avril par une réforme des retraites, abandonnée depuis, la vague de colère populaire, contre le manque de libertés et la confiscation du pouvoir par Daniel Ortega et son épouse Rosario Murillo, vice-présidente, a été envenimée par la répression des forces de l’ordre. Ces violences ont été dénoncées par le Parlement européen, Amnesty international, l’ONU ou encore la Cour interaméricaine des droits de l’homme (CIDH).

Répression sanglante au Nicaragua