Benoît Hamon renoue le dialogue avec la « vieille maison » et Olivier Faure, devenu au mois d’avril premier secrétaire du PS. / THOMAS SAMSON/AFP

Avec le temps va, tout s’en va. Même l’acrimonie des brouilles politiques. Près d’un an après avoir quitté le Parti socialiste, Benoît Hamon renoue le dialogue avec la « vieille maison ». Cela a commencé par un coup de téléphone, il y a une quinzaine de jours, à son ancien colocataire, Olivier Faure, devenu au mois d’avril premier secrétaire du PS.

« J’ai appelé Olivier Faure pour un sujet presque personnel… J’ai même demandé des nouvelles de François Hollande pour le taquiner… Après, on a parlé politique. Mais il n’est pas prévu que l’on se voie, même si ce n’est pas exclu qu’on le fasse. Et je n’ai aucune envie de me rapprocher du PS ! Cela n’a rien à voir », affirme au Monde Benoît Hamon.

Du côté du Parti socialiste, l’interprétation est légèrement différente. Les agendas seraient, selon une source bien informée, « en train d’être calés pour organiser un déjeuner ». Olivier Faure n’est d’ailleurs pas hostile à une rencontre avec l’ancien candidat à la présidentielle :

« Les ponts n’ont jamais été coupés. On se connaît depuis toujours. On parle de nos initiatives, des positions des uns et des autres à gauche. Il était invité au congrès d’Aubervilliers et a envoyé une délégation », rappelle le premier secrétaire du PS.

Rue de Solférino, on observe avec délice ce vent de doute au sein de la maison Hamon : « Son truc, ça ne marche pas. C’est le désert ! », goûte un membre du bureau national. « Il avait tout parié sur l’accord avec les Verts, maintenant qu’il n’a que le PCF, ça ne va pas l’emmener bien loin… », remarque cette même source qui n’a « jamais pensé que Benoît Hamon seul puisse dépasser le PS ».

Mauvaise séquence et crainte d’isolement

Même si M. Hamon jure que rien ne changera vis-à-vis du PS, ce début de réconciliation interroge. Le mouvement de Benoît Hamon, Génération.s, vit une mauvaise séquence depuis une dizaine de jours. La perspective d’une liste commune aux élections européennes de mai 2019 avec Europe Ecologie-Les Verts (EELV) s’éloigne. Ces derniers veulent en effet mener une liste « 100 % écologiste » avec Yannick Jadot en chef de file.

Conscients qu’avoir deux listes au programme quasi-semblable serait dramatique, Génération.s ne ferait plus de la tête de liste un préalable et pourrait accepter de rejoindre une liste Jadot, malgré les mauvaises relations entre le député européen et l’ancien candidat à l’Elysée, pour lequel il s’était désisté lors de la campagne de 2017.

Enfin, les relations sont redevenues mauvaises, après une accalmie, avec La France insoumise. Dernière preuve en date : le message « musclé » que Guillaume Balas a adressé à Jean-Luc Mélenchon à propos de l’Europe : « Dans le galimatias de Jean-Luc Mélenchon concernant l’Europe sur [France] Inter : du vrai, du flou mais pas une proposition. Pourtant, un jugement sur tout le monde et un mot, l’indépendantisme”, dont on voit bien ce qu’il veut signifier au-delà de ce qu’il veut dire. »

Ce tableau général fait craindre à plusieurs hamonistes un isolement du mouvement. La convention de Génération.s, qui se tiendra à Grenoble les 30 juin et 1er juillet − et à laquelle ont été invitées des délégations de tous les partis de gauche, PS compris − doit dissiper ces doutes et mettre les troupes de M. Hamon en ordre de marche avant l’été.