LES CHOIX DE LA MATINALE

Cette semaine, nous avons aimé la deuxième saison de Better Things, ainsi que la minisérie Angels in America, mais un peu moins la troisième saison de You Me Her. Faites vos choix !

« Better Things » : Pamela Adlon décapante

BETTER THINGS SEASON 2 - TRAILER
Durée : 01:27

On conseillera de regarder tranquillement la suite des aventures de Sam Fox, actrice de seconds rôles à la télévision et doubleuse, de ses trois filles, de sa mère British et un peu gaga, de ses aventures sexuelles et sentimentales toujours compliquées : malgré leur brièveté (vingt minutes), les dix épisodes de la saison 2 de Better Things ont un tempo lent (mais non traînant) qui se déguste.

Pamela Adlon et Louis C. K. ont conçu le pendant féminin à la vie de famille d’un père et de ses deux filles que décrivait l’humoriste dans sa propre série Louie (2010-2015), d’une fine drôlerie, dont on espère qu’OCS la remettra à disposition. Elle a en effet disparu de la sélection du bouquet Orange depuis que Louis C. K. a été accusé d’exhibitionnisme.

Ce bout de femme au bord de la crise de nerfs, mais que sauve toujours son humour, aussi coruscant qu’urticant, et la présence affectueuse de ses enfants auxquels la lie une relation attentive mais libertaire, est un très joli et attachant personnage, remarquablement incarné par Pamela Adlon elle-même. Renaud Machart

« Better Things », saison 2. Série créée par Pamela Adlon et Louis C.K. Avec Pamela Adlon, Hannah Alligood, Mikey Madison, Olivia Edward, Celia Imrie (Etats-Unis, 2017, 10 x 20 min). Sur Canal+ Séries.

« You Me Her » plonge dans l’artifice

You Me Her Season 3 Official Trailer #1 New (2018) Romance Movie HD
Durée : 01:54

You Me Her, créée en 2016 par John Scott Shepherd, avait bien commencé son cours grâce à l’histoire piquante d’un trio (ou « trouple », comme le répètent ses personnages) constitué par un jeune couple marié, Emma et Jack Trakarsky, et Izzy, une jeune étudiante ayant choisi d’arrondir ses fins de mois en proposant ses services tarifés d’escort girl.

Les conséquences de cet « atriplement » sur le milieu ultra-bobo de la banlieue arborée de Portland (Oregon) où est sise l’action (mais apparemment filmée à Vancouver, au Canada) étaient assez finement développées lors de la saison inaugurale. Mais, en raison du ton de sitcom qu’elle emprunte, et surtout de l’incapacité à développer de manière crédible l’évolution de ce triangle amoureux, You Me Her a perdu, dès la saison 2, de son intérêt.

La saison 3, qui est celle qui suit le « climax » (« paroxysme et revirement de l’action », selon le schéma du théâtre grec antique) atteint en fin de saison 2, débute dans la nunucherie la plus agaçante et montre très vite ses ficelles, devenues hélas très grosses. On l’avouera : on a lâché après le quatrième épisode tant l’artificialité des situations et du jeu sont risibles. Pour un portrait tout en finesses excentriques de la sphère bourgeois-bohême, alias « Boboland », on recommandera les deux saisons d’Easy, de Joe Swanberg (2016-2017), également sur Netflix. R. Ma.

« You Me Her », saison 3, série créée par John Scott Shepherd. Avec Priscilla Faia, Rachel Blanchard, Greg Poehler, Melanie Papalia, Jennifer Spence (Etats-Unis, 2018, 10 × 30 min). Netflix.

« Angels in America » : l’Amérique reaganienne et ses névroses

Miniseries Of The Month – Angels In America
Durée : 01:01

MyCanal a ajouté à son menu la minisérie Angels in America (2003), de Mike Nichols, d’après la pièce de théâtre-fleuve en deux parties (1991) de Tony Kushner. De cette « fantaisie gay sur des thèmes nationaux », dont l’action se situe en 1985, au moment des premiers ravages du sida, sous la présidence (sourde à ces derniers) de Ronald Reagan, le cinéaste a tiré une adaptation télévisée en six parties.

On aura aimé retrouver son ton flamboyant, ses scènes oniriques, son registre de drame sociopolitique à l’humour très noir, le jeu d’une distribution de superstars (Meryl Streep, qui endosse notamment le rôle d’Ethel Rosenberg, revenue au chevet de l’avocat maccarthyste Roy Cohn, incarné par Al Pacino) et de jeunes acteurs promis à un bel avenir (Marie-Louise Parker et Jeffrey Wright, le Bernard de Westworld, etc.). On retrouve aussi, oubliée mais intacte au souvenir dès qu’on l’entend, la musique du générique de Thomas Newman, si proche de celle de Six Feet Under – avec son même instrument fétiche, le hautbois. R. Ma.

« Angels in America », minisérie créée par Mike Nichols. Avec Al Pacino, Meryl Streep, Patrick Wilson, Mary-Louise Parker, Ben Shenkman, Justin Kirk, Jeffrey Wright, James Cromwell (Etats-Unis, 2003, 6 x 48-73 min.) Sur MyCanal à la demande.