Baccalauréat au lycée Pasteur de Strasbourg, 18 juin 2018. / FREDERICK FLORIN / AFP

A l’issue de l’épreuve d’histoire-géographie du bac S, ES, L et technologique mardi 19 juin, Sandra Famin et Aurélie Fréliez, professeures de la discipline, ont décortiqué les sujets et répondu en direct aux questions des candidats lors d’un tchat. En voici le compte rendu, résumé.

Quelles sont vos impressions sur les sujets communs aux bac ES et L ?

Les sujets tombés ne sont pas surprenants, et même classiques. Ce sont des sujets qui restent simples, le seul élément qui est peut-être surprenant est le fait que les mémoires soient tombées en étude de documents, car elles avaient déjà fait l’objet d’une composition pour la session ES/L 2016. Sur ce type de sujets, les copies avec des schémas seront valorisées, et par-dessus tout, le changement d’échelle était nécessaire dans vos plans.

Au bac S, c’était encore l’Afrique ! Pourquoi apprendre les autres chapitres ?

Cela pouvait être la question de beaucoup de candidats ce matin… L’Afrique est un continent qui connaît l’un des développements les plus forts de la planète, malgré toutes ses difficultés. Cela peut expliquer qu’il soit encore au programme de l’épreuve du bac S cette année.

En série S, le temps est seulement de trois heures. N’est-ce pas un peu court pour traiter une composition et une étude de document ?

Oui, c’est souvent le problème en filière S, pour faire à la fois une composition et une étude critique de documents. En plus, le texte est vraiment très long cette année, ce qui risque d’accroître le stress de l’élève, même si un texte long lui permet d’avoir plus de choses à dire qu’un texte court.

Sur « L’historien et les mémoires du génocide des Juifs », le sujet étant très sensible et les propos d’A. Wieworka très complets, j’ai préféré ne pas m’y risquer…

Une analyse critique de document était ici compliquée et pas forcément attendue. Cela ne devrait pas être pénalisé car effectivement le sujet était sensible.

Fallait-il obligatoirement citer Robert Paxton sur ce thème ?

Non, il ne fallait pas obligatoirement citer Robert Paxton. Malgré tout, toute référence est bienvenue et le citer était un plus. L’exercice consiste en l’étude critique d’un document sur lequel il faut se concentrer. Citer Paxton permet d’être valorisé, mais ne pas le faire ne donnera pas lieu à une sanction.

Une seule copie mélangeant les deux thèmes suffisait-elle ?

Il s’agissait d’un seul exercice, sur l’historien et les mémoires. Ce sujet invite les candidats à comparer les deux et certainement pas à les traiter séparément.

Fallait-il consacrer une partie de notre devoir au rôle de l’historien ou pouvait-on l’évoquer au sein de chaque partie ?

Les deux options sont envisageables ! Il ne faudrait pas faire une partie seulement sur le rôle de l’historien sans aborder les documents. Il faut faire attention à toujours se référer aux documents. ll ne fallait pas traiter le sujet comme une dissertation.

Ai-je bien fait de parler du tournant historique de la reconnaissance pour la première fois par Chirac de la responsabilité de l’Etat français à travers le gouvernement de Vichy ?

Oui c’est très bien, la photographie invitait le candidat à le faire. C’est une très bonne chose qui sera valorisée !

Pouvions-nous parler des espaces maritimes, sujet de la première composition en ES/L, sur les territoires ?

Oui, s’il était justifié que les espaces maritimes sont maintenant traités comme des territoires par les Etats riverains. Il ne s’agissait pas du cœur du sujet. Voir la notion de « merritoires » proposée par Camille Parrain.

Concernant le sujet 2 de géographie en S (des territoires inégalement intégrés dans la mondialisation espaces maritimes compris), était-il possible de faire une deuxième partie qui ne parle que des espaces maritimes ?

Tous les plans devraient être acceptables tant qu’il y a une organisation logique des idées. S’il y a des liens et que c’est bien structuré, le devoir sera bon.

Fallait-il parler des Etats, des régions, des villes ?

Oui, c’est très bien de varier les échelles. Le plan classique était d’abord de travailler sur les territoires intégrés puis en marge de la mondialisation, en variant les échelles à l’intérieur. Il est envisageable de parler dans un grand I) de l’échelle mondiale, puis dans un grand II) de l’échelle continentale et même aller jusque III) l’échelle locale.

Etait-ce une bonne idée de parler de la gentrification ?

Le phénomène peut être abordé, mais il reste très secondaire. Donc attention à ne pas trop le développer.

Pour la composition de géographie sur la mondialisation (série S), était-il pertinent d’aborder la Corée du Nord, qui a choisi de vivre en marge de la société malgré quelques accords commerciaux avec certains pays comme la Chine ?

Oui il était pertinent d’en parler, puisque c’est un exemple de territoire très peu intégré. L’aborder n’était pas hors sujet mais très judicieux.

Le devoir de mémoire, en ES, ce n’était jamais tombé et c’est délicat comme question. Le jury va-t-il en tenir compte en étant bienveillant ?

Par définition, les correcteurs sont toujours bienveillants. Néanmoins, pour rappel, ce sujet a fait l’objet d’une composition pour le baccalauréat de la session 2016 en métropole.

Difficile de traiter d’un sujet aussi important avec aussi peu de moyens.

Selon les préconisations du ministère de l’éducation nationale ce thème doit être traité en quatre à cinq heures durant l’année. Par conséquent, les candidats ont en théorie assez de connaissances pour traiter le sujet.

« L’historien et les mémoires de la guerre d’Algérie : la question des harkis » (séries ES et L). C’est dur comme sujet !

Effectivement, le sujet peut sembler compliqué car il est peu abordé, autant dans les programmes scolaires que dans les médias. Ce sujet reste sensible pour la mémoire collective et peu discuté. Cela explique pourquoi les élèves peuvent le trouver compliqué puisqu’il ne leur est pas familier.

Les sujets d’histoire d’ES/L sont tous deux basés sur la même thématique ! Ces sujets n’ont malheureusement fait l’objet que du dernier cours de l’année scolaire dans notre classe…

Pour rappel, ce chapitre porte soit sur les mémoires de la seconde guerre mondiale soit sur les mémoires de la guerre d’Algérie. Il est donc normal que le sujet porte sur les deux thématiques afin que les élèves puissent choisir selon le sujet étudié en classe. En théorie, il n’y a donc qu’un seul sujet dans cette deuxième partie, ce n’était pas au choix des élèves !!

« Sujet 2 – Japon-Chine : concurrences régionales, ambitions mondiales ». Ce n’est pas un peu daté comme sujet ? La Chine est bien devant le Japon qui vieillit…

Non, aujourd’hui le centre de gravité du monde s’est déplacé en Asie-Pacifique. Il est intéressant de comparer une puissance émergente, la Chine, et une « ancienne » puissance, le Japon. Ces pays restent les deux puissances dominantes de l’Asie de l’Est. Il est donc logique de continuer à les comparer.