Plusieurs demandeurs d’asile, dont une fille hondurienne de deux ans et sa mère, sont placés en détention près de la frontière entre les Etats-Unis et le Mexique, le 12 juin, près de McAllen, au Texas. | JOHN MOORE / AFP

Après les condamnations verbales, place à l’action. Les gouverneurs de plusieurs Etats des Etats-Unis – Maryland, Delaware, Massachusetts, New York, Rhode Island, Connecticut et Virginie – ont démobilisé les troupes de leur garde nationale, pour que celles-ci ne participent pas aux opérations à la frontière avec le Mexique.

Une mesure destinée à formaliser leur opposition à la politique de séparation des enfants sans papiers de leurs familles initiée par l’administration Trump. Le locataire de la Maison Blanche avait appelé en avril au déploiement de milliers de soldats de la garde nationale à la frontière avec le Mexique afin d’empêcher les passages illégaux.

« Plus tôt dans la journée [du mardi 19 juin], j’ai ordonné aux quatre membres d’équipage d’un hélicoptère de revenir du Nouveau-Mexique où ils étaient stationnés », a déclaré le gouverneur républicain du Maryland, Larry Hogan. « Tant que l’administration Trump continuera cette politique inhumaine, la Virginie n’assignera aucune ressource à des opérations de surveillance de la frontière qui pourraient activement ou tacitement participer à une telle politique », a pour sa part fait savoir le démocrate Ralph S. Northam.

Aux Etats-Unis, des enfants en pleurs après avoir été séparés de leurs parents dans un centre de rétention
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« Dans des circonstances habituelles, nous n’hésiterions pas à mobiliser des troupes quand elles sont appelées. Mais sachant la politique appliquée actuellement, je ne peux, en conscience, envoyer des troupes du Delaware contribuer à une telle mission », a abondé le démocrate John C. Carney. L’action de ces élus reste néanmoins majoritairement symbolique, leurs Etats n’étant pas les plus grands contributeurs des troupes envoyées sur place.

Face-à-face rarissime

D’autres élus démocrates ont interpellé, mardi, avec virulence le président Trump pour dénoncer les séparations de familles de clandestins. Un face-à-face rarissime dans les couloirs d’ordinaire feutrés du Capitole.

Le représentant démocrate de Californie à la Chambre, Juan Vargas alpaguant Donald Trump dans les couloirs du Capitole, le 19 juin. / JOSHUA ROBERTS / REUTERS

« Monsieur le président, vous avez pourtant des enfants ! Vous avez pourtant des enfants M. le président. Est-ce que vous aimeriez qu’on sépare vos enfants ? », a crié Juan Vargas, élu de Californie à la Chambre des représentants, lorsque Donald Trump sortait d’une réunion avec les républicains. Le milliardaire s’est contenté de se retourner et de saluer en souriant en direction des caméras, derrière cette demi-douzaine de démocrates qui portaient des photos d’enfants en pleurs et des panneaux avec le slogan « les familles doivent être ensemble ». « Arrêtez de séparer les enfants », lui a lancé un autre élu.

Donald Trump sortait d’une réunion d’environ trois quarts d’heures avec sa majorité à la Chambre pour parler d’une réforme de l’immigration qui peine à voir le jour. Loin de fléchir face à la controverse, il pousse les républicains, pressés de voir cesser l’avalanche de récits déchirants d’enfants séparés, à présenter un texte qui réglerait cette situation tout en comprenant ses exigences, notamment le financement d’un mur à la frontière.

Entre le 5 mai et le 9 juin, avec la mise en place de la politique de « tolérance zéro », 2 342 jeunes migrants ont été séparés de leurs familles, fuyant pour la plupart la violence qui ronge l’Amérique centrale. Cette mesure prévoit que tous les clandestins franchissant illégalement la frontière soient poursuivis au pénal, or les enfants ne peuvent pas être incarcérés. Les précédents gouvernements avaient privilégié des poursuites au civil, ce qui évitait ces situations.