Des policiers allemands porteurs d’équipements de protection après la perquisition d’un appartement dans un quartier de Cologne, le 12 juin 2018. / DAVID YOUNG / AFP

Le chef de la police judiciaire allemande, le Bundeskriminalamt (BKA), a annoncé, mercredi 20 juin, qu’un attentat à la ricine, un poison très puissant, avait été déjoué, après l’arrestation d’un Tunisien à Chorweiler, dans la banlieue nord de Cologne, le 12 juin.

« Il y a eu dans cette affaire des préparatifs concrets pour commettre un tel acte, avec une sorte de bombe biologique, et il s’agit en Allemagne d’une chose sans précédent », a déclaré Holger Münch à la radio publique allemande.

Coopération internationale

Il a expliqué que le suspect interpellé, âgé de 29 ans, avait commencé à produire de la ricine et que les enquêteurs disposaient d’éléments pointant en direction de liens avec l’organisation Etat islamique (EI). L’homme avait été repéré « quelques mois » auparavant par les autorités et faisait l’objet d’une surveillance.

Le chef du BKA a ajouté que l’arrestation avait été permise grâce à la collaboration de « services de sécurité nationaux et internationaux ». Selon des médias allemands, c’est la CIA américaine qui a averti en premier la police allemande, après avoir repéré les achats sur Internet des substances devant servir à la fabrication de la bombe par le suspect.

En mai, les autorités françaises avaient aussi annoncé avoir déjoué un attentat à l’explosif ou à la ricine prévu à Paris. Un Egyptien de 20 ans avait été arrêté et incarcéré.

« Les perquisitions ont montré que le suspect avait en effet déjà produit de la ricine », le poison d’origine végétal le plus violent connu à ce jour, a dit le chef de la police. Il est 6 000 fois plus puissant que le cyanure. Il s’agit d’une substance mortelle en cas d’ingestion, d’inhalation ou d’injection, et contre laquelle il n’existe pas d’antidote.

C’est la première fois que les autorités disent clairement qu’un attentat à la bombe remplie de ricine était en préparation. La semaine dernière, lors de l’interpellation du Tunisien par les forces d’élite de la police allemande, la justice avait parlé de soupçons mais sans pouvoir aller plus loin.

« Nous avons trouvé un grand nombre de graines de ricine, permettant de produire » le poison, a souligné M. Münch, « ainsi que divers autres ustensiles nécessaires à la fabrication d’un explosif ». Selon le parquet antiterroriste allemand, un millier de graines ont été saisies. L’objectif visé par ce projet d’attentat reste toutefois encore à déterminer, de même que d’éventuelles complicités dont le suspect aurait pu bénéficier.

Plusieurs attaques en Allemagne

Hans-Georg Maassen, le directeur de l’Office fédéral de protection de la constitution (Bundesamt für Verfassungsschutz ou BfV), le service de renseignements allemand, a déclaré que cela montrait que la menace restait élevée en Allemagne.

L’Allemagne est sur le qui-vive en raison de plusieurs attaques djihadistes perpétrées ou envisagées dans le pays ces dernières années. La plus grave d’entre elles, survenue en décembre 2016, a été commise par un Tunisien de 23 ans, Anis Amri, auteur d’un attentat au camion-bélier dans un marché de Noël à Berlin. L’attaque, qui avait fait douze morts, avait été revendiquée par le groupe Etat islamique (EI).