Harasta, dans la Ghouta orientale, le 26 mars 2018. / AP

Pour l’ONU, le régime de Damas a commis, pendant le siège de la Ghouta orientale, des « crimes contre l’humanité ». En cause, le siège de cinq ans durant lequel la population a notamment été affamée.

La Commission d’enquête indépendante et internationale (COI) sur la Syrie a été mandatée en mars par le Conseil des droits de l’homme pour enquêter sur les événements qui se sont déroulés entre février et avril 2018 dans la Ghouta orientale. Ne pouvant mener d’investigations en Syrie, elle a basé ses conclusions sur quelque 140 interviews organisées dans la région et à partir de Genève. Elle a rendu public un rapport de 23 pages détaillant les souffrances endurées par les civils dans cette enclave.

« Plus long siège de l’histoire moderne »

« A l’issue du plus long siège de l’histoire moderne, (…) la Commission d’enquête de l’ONU a condamné cette pratique barbare », ont déclaré les enquêteurs dans un communiqué.

« Le fait que des civils assiégés soient attaqués sans distinction et qu’ils soient privés systématiquement de nourriture et de médicaments est totalement odieux », a ajouté le chef de la COI, Paulo Pinheiro, dans un communiqué. Il a accusé les forces loyales syriennes d’avoir recouru à des tactiques « illégales », visant à « punir les habitants et forcer la population à se rendre ou à mourir de faim ».

Le rapport conclut que « certains actes perpétrés par les forces progouvernementales pendant le siège, notamment la privation délibérée de nourriture de la population civile comme pratique de guerre, s’apparentent à des crimes contre l’humanité ».

140 000 personnes déplacées

La Commission accuse également les groupes rebelles ou islamistes, comme Jaich Al-Islam, Ahrar Al-Cham et Hayat Tahrir Al-Cham, d’avoir commis des « crimes de guerre » en lançant « des attaques aveugles » sur Damas, qui ont tué et mutilé des centaines de civils.

« Pendant toute la durée du siège, des groupes armés ont arrêté de façon arbitraire et torturé des civils à Douma, parmi lesquels des membres de minorités religieuses, commettant de façon répétée des crimes de guerre tels que la torture, les traitements cruels et les outrages à la dignité », précise le rapport.

Celui-ci rappelle également qu’à la chute de la Ghouta orientale, le 14 avril, environ 140 000 personnes avaient été déplacées de leur foyer et que des dizaines de milliers d’entre elles sont encore internées illégalement par les forces gouvernementales dans des camps aménagés autour de Damas.