Lors d’une manifestation demandant justice pour Ali Ziri, en 2017 à Paris. / FRANCOIS GUILLOT / AFP

La Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) a condamné jeudi 21 juin la France pour « négligence » dans la mort d’Ali Ziri, un Algérien retraité de 69 ans, mort en 2009 à la suite d’une interpellation policière.

La France va devoir verser « 30 000 euros pour dommage moral et 7 500 euros pour frais et dépens » à Annissa Semache, fille d’Ali Ziri, qui avait saisi en juin 2016 la CEDH, institution créée par le Conseil de l’Europe et siégeant à Strasbourg.

Ali Ziri avait été interpellé le soir du 9 juin 2009 avec un ami à bord d’un véhicule conduit par ce dernier. Fortement alcoolisés, les deux hommes avaient été transportés au commissariat d’Argenteuil (Val-d’Oise) et placés en garde à vue.

Tombé dans le coma, Ali Ziri mourut deux jours plus tard à l’hôpital d’Argenteuil. Alors qu’une première autopsie avait imputé sa morts à des problèmes cardiaques et à l’alcoolémie, une contre-expertise avait révélé la présence de plus de vingt hématomes, dont certains larges de 17 cm.

Ali Ziri était arrivé en 1959 à Argenteuil où il travailla pendant quarante ans comme manutentionnaire, sa famille restant en Algérie.

« Négligence »

La CEDH a jugé que « l’immobilisation forcée de M. Ziri par la technique dite du ’pliage’ [technique d’interpellation policière consistant à maintenir une personne la tête appuyée sur les genoux], alors qu’il se trouvait dans un véhicule de police à destination du commissariat, était justifiée et strictement proportionnée au but poursuivi. Elle considère en revanche que la situation de M. Ziri au commissariat d’Argenteuil a été traitée avec négligence par les autorités et retient que les autorités n’ont pas fait ce que l’on pouvait raisonnablement attendre d’elles pour prévenir le risque de décès auquel il était exposé ».

Après trois ans d’enquête, le juge chargé de faire la lumière sur sa mort avait décidé de ne pas poursuivre les policiers impliqués dans l’interpellation, expliquant n’avoir établi « aucun acte de violence volontaire qui aurait été la cause directe ou indirecte du décès ». Et la cour d’appel de Rennes avait considéré en 2014 que les policiers n’avaient « fait usage que de la force strictement nécessaire » pour maîtriser les retraités.

S’ils relèvent « quelques lacunes ponctuelles », les sept juges de la CEDH ont considéré que « il n’est pas possible de remettre en cause l’effectivité de l’enquête réalisée par les autorités ».

C’est la troisième fois en quelques semaines que la CEDH condamne la France dans des cas de violences policières remontant à une dizaine d’années.