La Cour suprême fédérale, la plus haute instance constitutionnelle d’Irak, s’est prononcée jeudi 21 mai en faveur d’un recomptage manuel de tous les votes exprimés lors des législatives du 12 mai, qui avaient donné la victoire au dirigeant nationaliste Moqtada Al-Sadr.

« La Cour juge que la décision du Parlement en faveur d’un comptage manuel ne viole pas les dispositions de la Constitution », a affirmé lors d’une conférence de presse son président Medhat Al-Mahmoud. Le Parlement avait pris cette décision le 6 juin, après avoir constaté de nombreuses irrégularités lors du scrutin, marqué par un taux d’abstention record de 55 %.

Le recomptage concernera la totalité des quelque 11 millions de bulletins, y compris ceux de l’étranger, des déplacés et des forces de sécurité. Le Parlement avait décidé d’annuler purement et simplement le vote de ces trois dernières catégories, sur lesquels la plupart des soupçons de fraude portaient, après avoir constaté de nombreuses irrégularités avec l’introduction pour la première fois du comptage électronique.

Victoire surprise de Moqtada Al-Sadr

Par ailleurs, la Cour a entériné la décision de remplacer les neuf membres de la Commission électorale par neuf juges, qui auront pour tâche de superviser le recomptage.

Pour de nombreux experts, un nouveau décompte ne devrait modifier les résultats qu’à la marge, davantage entre candidats au sein d’une même liste que dans le nombre de sièges obtenus par chacune des formations politiques.

La victoire surprise de Moqtada Al-Sadr, qui a recueilli 54 des 329 sièges avec sa liste Sairoun (« en marche »), formée avec le Parti communiste irakien, fait grincer des dents. Pour la première fois depuis 2003, le parti Al-Dawa, éclaté entre MM. Abadi et Maliki, risque de perdre le pouvoir.