Le ministre de l’intérieur italien, Matteo Salvini, sur un plateau de la RAI, le 20 juin. / Angelo Carconi / AP

Le ministre de l’intérieur italien, Matteo Salvini, a laissé entendre jeudi 21 juin que son pays pourrait ne pas participer au mini-sommet européen sur les migrations prévu dimanche à Bruxelles, avec pour objectif de préparer le Conseil européen des 28-29 juin, dont la migration constitue l’un des principaux thèmes.

« Si nous y allons pour recevoir un petit devoir déjà préparé par les Français et les Allemands, mieux vaut économiser l’argent du voyage, a déclaré le responsable politique, qui est aussi le chef de file de la Ligue (extrême droite). Ou bien il y a une proposition utile sur la défense des frontières, la sécurité et, j’ajoute, sur les droits des vrais réfugiés ou bien osons dire non. »

L’ébauche d’une communication finale du mini-sommet de Bruxelles, dont des extraits circulent depuis mercredi dans la presse, suscite « l’irritation » de l’exécutif italien, qui ne souhaite pas participer à cette rencontre pour « ratifier une ébauche déjà rédigée », rapporte le quotidien La Repubblica, citant des sources gouvernementales.

Tensions entre Européens

Selon les médias italiens, l’agacement de Rome viendrait du fait que le texte aborderait insuffisamment la question de la protection des frontières européennes pour se concentrer sur le redéploiement des migrants dès lors qu’ils sont déjà arrivés en Europe.

Sur ce point, le chef du gouvernement italien, Giuseppe Conte, a expliqué mercredi en recevant le président du Conseil européen, Donald Tusk, que l’Italie « n’était pas disponible » pour discuter des « mouvements secondaires » (la répartition des migrants dans les pays de l’UE) sans avoir au préalable affronté la question des arrivées sur son territoire, « que l’Italie se retrouve à affronter seule ». L’Italie reproche à ses partenaires européens de ne pas l’avoir suffisamment soutenue alors que 700 000 migrants sont arrivés sur ses côtes depuis 2013.

Ce sujet reste au cœur des tensions entre Européens et leurs divergences se sont illustrées récemment par l’errance en Méditerranée de l’Aquarius, ce navire avec 630 migrants secourus à son bord auquel l’Italie a refusé d’ouvrir ses ports en dénonçant le manque de solidarité de ses voisins européens face à la pression migratoire.

Comprendre la crise de l’« Aquarius » en trois questions
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