L’entrée de la Bourse d’Athènes, le 25 juillet 2017. / ANGELOS TZORTZINIS / AFP

C’est le corollaire de la fin très progressive de plus de huit ans d’assistance européenne : au terme du troisième plan d’aide, le 20 août, la Grèce est censée retourner se financer auprès des marchés. Un retour qui n’en est pas tout à fait un : au cours des douze mois écoulés, Athènes a déjà réalisé deux incursions auprès des investisseurs, en juillet 2017 puis en février 2018. Deux opérations qui se sont déroulées sans accrocs. 

« La différence, maintenant, c’est que les Grecs ne seront plus sous le parapluie du plan. En matière de signal donné aux investisseurs, il est donc très important que la première émission se passe bien, ce qui suppose de choisir au mieux son timing », souligne Jean-François Robin, stratégiste obligataire chez Natixis.

Le cap est important au regard des épreuves traversées. La Grèce ne se finance plus sur les marchés depuis 2010 : à l’époque, la montée en flèche de ses coûts d’emprunt lui en avait barré l’accès. Désormais, elle espère suivre la voie du Portugal. Egalement passé sous tutelle financière, le pays s’en est affranchi en 2014. Aujourd’hui, il emprunte à moins de 2 % sur dix ans.

Turbulences

La Grèce, dont la dette reste qualifiée de « très spéculative » par les agences de notation, pourra-t-elle aussi se financer à un coût raisonnable ? Actuellement, sur le marché secondaire (où se négocient les titres déjà émis), le taux de ses obligations à dix ans tourne autour de 4,3 %. Le 30 avril, ce taux n’était « que » de 3,85 %. Entre-temps, Athènes a fait les frais des turbulences provoquées par le risque politique italien.

« Cette détérioration complique un peu les choses, en plus des questions de fond qui vont continuer à se poser, sur le véritable état de santé de l’économie grecque et la soutenabilité de sa dette », estime Eric Dor, économiste à l’école de management Iéseg. La croissance est repartie, le tourisme tourne à plein régime, mais huit ans de crise ont laminé le tissu productif et l’investissement. Quant à la dette, elle reste la plus élevée au sein de l’Union européenne (180 % du PIB). Jeudi 21 juin, les Européens ont allégé ce fardeau en rallongeant les échéances de remboursement. Ils ont aussi doté la Grèce d’un « matelas financier » de 15 milliards d’euros pour amortir d’éventuelles complications sur les marchés.

« Mais le plus important, pour les investisseurs, c’est ce qui se passe au sein du gouvernement, assure M. Robin. A l’évidence, celui d’Alexis Tsipras [gauche radicale] a réussi le vote de confiance en rassurant sur sa volonté de poursuivre la consolidation budgétaire. »