L’Allemagne s’impose de justesse face à la Suède grâce à un but dans les derniers instants de Toni Kroos. / Sergei Grits / AP

Voyez cette grande roue, sur les rives de la mer Noire. Les joueurs allemands ont vécu mieux juste à côté, encore plus remuant. Au stade olympique de Sotchi, les tenants du titre ont tour à tour été virtuellement éliminés dès leur deuxième match de cette Coupe du monde ; puis un peu revenus aux affaires après leur égalisation ; puis carrément jubilateurs après leur but de la victoire. Fin de l’attraction, tout le monde descend : victoire de l’Allemagne sur la Suède (2-1), samedi 23 juin.

Le football pourra toujours inventer de nouvelles règles, il pourra toujours continuer à installer des caméras comme autant de substituts regrettables à l’arbitrage humain. Reste l’essentiel, pour le moment : le suspense qu’un match pareil peut encore nous offrir. Dix bonnes minutes après la fin, les supporteurs allemands trouvaient encore la force d’agiter les drapeaux devant une pelouse vide. Une forêt noire-or-rouge tout au soulagement d’avoir redouté le pire pour finalement fêter le meilleur, le coup franc enveloppé de Toni Kroos (90e + 5) permettant la victoire aux confins du temps additionnel.

Plus tôt dans la rencontre, il y avait d’abord eu le soulagement : égalisation dès le début de la seconde période sur une frappe de Marco Reus (1-1, 48e), le revenant, absent pour cause de blessure au Mondial 2014 et à l’Euro 2016. Une frappe du genou, de la jambe, d’on ne sait trop quoi, vu des tribunes du stade. Du fin fond de nulle part, plus précisément, tant l’Allemagne semblait loin à cet instant de la soirée.

Peur comme jamais

Elle a eu beau multiplier les occasions et dominer le jeu, cette Mannschaft étonnamment friable en défense a sans doute eu peur comme jamais en Coupe du monde. A la demi-heure de jeu, d’un lob, le Suédois Ola Toivonen ouvrait le score en même temps qu’il la plongeait dans la désolation (0-1, 32e). Une défaite ce soir et les champions du monde en titre auraient été éliminés dès le premier tour, après leur défaite initiale contre le Mexique (1-0) et avant même leur troisième match contre la Corée du Sud.

Oui, Ola Toivonen. Ce même attaquant dont les supporteurs du Toulouse Football Club, et il y en a tout de même, ont longtemps désespéré : à peine vingt-trois matchs en championnat de France lors de la saison écoulée, et aucun but marqué.

La blague a modérément plu aux supporteurs allemands, qui ont réservé leurs plus beaux sifflets pour accompagner la sortie de leurs joueurs à la mi-temps. Manuel Neuer, lui, rentrait au galop aux vestiaires. Longtemps incertain pour ce Mondial, mais finalement remis de blessure, le gardien de but a eu peur comme tout le monde. Sitôt le but encaissé, laissant Toivonen à ses célébrations, le capitaine s’aventurait toutefois près du rond central pour secouer ses troupes.

Au coup de sifflet final, les troupes en question ont finalement explosé. De joie. Joachim Löw n’étant pas le dernier à sourire : déjà critiqué après le premier match, l’entraîneur vient d’échapper à une catastrophe colossale. Mais sûrement pas aux critiques des médias allemands, bien plus accoutumés aux titres en Coupe du monde (1954, 1974, 1990, 2014) qu’aux victoires à l’arraché pour prendre le chemin des huitièmes de finale. Pour l’heure, voilà donc l’Allemagne deuxième de son groupe F et virtuellement qualifiée derrière le Mexique. Nouvelles montagnes russes dans quatre jours pour son dernier match de poule, contre la Corée du Sud, déjà distancée.