L’Allemagne (3 pts), qui a fini à dix samedi 23 juin après l’exclusion de Jérôme Boateng (82e), revient à la hauteur de la Suède (3 pts) dans le groupe F, juste derrière le Mexique (6 pts). / Jens B'ttner / AP

Juste avant de tourner les talons, Toni Kroos s’arrête une dernière fois face aux enregistreurs. « Des supporteurs m’ont demandé de vous transmettre cette guirlande », glisse une journaliste, confiant au milieu offensif l’objet noir-or-rouge en remerciement pour son but de la victoire, un coup franc dans le temps additionnel.

Au coup de sifflet, samedi 23 juin, les Allemands ont bien sûr d’abord exulté. Comment réagir autrement après une victoire (2-1) ainsi arrachée contre la Suède, aux tréfonds du temps additionnel ? Mais les joueurs affichaient après coup une joie plus mesurée devant la presse, peut-être déjà en train de cogiter sur leurs fragilités défensives du moment.

Ce deuxième match du Mondial a failli être l’un de leurs derniers : une défaite samedi soir contre la Suède et les champions du monde en titre se voyaient déjà éliminés du Mondial, après un revers initial contre le Mexique (1-0) et avant même d’affronter la Corée du Sud, dans quatre jours.

Tenant du titre

Passé l’effroi, l’Allemagne a encore beaucoup de questions à résoudre si elle veut envisager avec sérénité la sauvegarde de son titre acquis au Mondial 2014. Quatre ans plus tard, elle dégage aujourd’hui une impression différente, renvoyant l’image d’une défense peut-être plus vulnérable, plus exposée aux contres.

A cet égard, la première période contre la Suède tient presque de la caricature. Sous les sifflets de leurs supporteurs, les Allemands quittaient le terrain à la pause avec une possession de balle effarante : 75 % du ballon. Mais en étant menés au score (0-1) depuis la demi-heure de jeu et ce lob d’Ola Toivonen, sur l’une des rares incursions suédoises, après une erreur de Toni Kroos.

Comme si les qualités de l’Allemagne, sa projection vers l’avant, pouvaient aujourd’hui lui faire perdre l’équilibre en défense. « Nous resterons une équipe qui va de l’avant, il faut juste bien se répartir le travail », prévient Toni Kroos. « Nous avons continué à jouer offensifs pendant tout le match », confirme son coéquipier Timo Werner, toujours en quête de son premier but en Coupe du monde. Depuis 2006 et sa prise de fonction, il est vrai, reconnaissons au sélectionneur Joachim Löw ce mérite : privilégier le jeu vers l’avant, à rebours du cliché d’un jeu allemand solide avant d’être créatif.

Charnière centrale

A sa décharge, l’arrière-garde a quelque peu changé depuis la victoire en finale de 2014 contre l’Argentine. Côté droit, l’ancien capitaine Philipp Lahm a aujourd’hui pris la retraite. Côté gauche, Benedikt Höwedes a désormais disparu de la Mannschaft, peu aidé par des blessures à répétition.

La charnière centrale, elle, est toujours là d’un Mondial à l’autre. Du moins en théorie. Contre la Suède, seul Jérôme Boateng jouait. Jusqu’à son exclusion (82e minute) en fin de match alors que l’Allemagne courrait encore après la victoire. Déjà en début de rencontre, sa charge sur Marcus Berg trahissait de la fébrilité (13e) et poussait les Suédois à réclamer en vain un penalty.

Mats Hummels, lui, avait dû déclarer forfait avant le match : une nuque douloureuse l’a contraint à céder sa place à Antonio Rüdiger. Le Bavarois a toutefois bon espoir d’être de nouveau d’aplomb dans quatre jours pour le match contre la Corée du Sud, décisif en vue des huitièmes de finale. Le cas échéant, il jouera donc sans Boateng, son coéquipier au Bayern Munich comme en sélection nationale.

Retour du capitaine Neuer

Dans tout cela, la Mannschaft peut au moins se féliciter d’avoir retrouvé son gardien de but, lui aussi du Bayern. Manuel Neuer, blessé à un pied depuis l’automne 2017, revient d’une longue convalescence. Longtemps incertain pour ce Mondial, le capitaine actuel de la sélection a fait son retour sur les terrains seulement au début du mois de juin, en pleine préparation à la Coupe du monde.

Samedi soir, sans Neuer et sa présence d’esprit, voire sa présence tout court, l’Allemagne aurait sans doute sombré pour de bon juste avant la mi-temps. Le gardien détournait alors de justesse une tête décroisée de Marcus Berg, évitant de peu une défaite 2-0 pour finalement aboutir au succès 2-1 que l’on sait.