Capitaine de l’équipe victorieuse contre la France championne du monde lors du Mondial 2002 où il mena le Sénégal jusqu’en quarts de finale, le sélectionneur Aliou Cissé, 42 ans, rêve d’un nouvel exploit en Russie. Après leur victoire contre la Pologne (2-1), les Lions de la Teranga (« l’hospitalité », en wolof) affrontent le Japon dimanche 24 juin en vue d’une qualification pour les huitièmes de finale.

« Je sais qu’il y a beaucoup de comparaisons entre la génération 2002 et l’actuelle. Mais nous avons envie de faire mieux ou plus », explique l’ancien milieu défensif du Paris-Saint-Germain. Meneur d’hommes sur le terrain, Aliou Cissé s’appuie sur les jeunes, pour lesquels il assume parfois le rôle de grand frère. Déjà lorsqu’il était capitaine, il occupait ce rôle de confident, de responsable.

En 2002, le Casamançais avait 26 ans et restait sur une saison moyenne à Montpellier. D’autres cadres de la sélection, comme Khalilou Fadiga, Pape Malick Diop, Tony Silva ou Ferdinand Coly, tous plus âgés, auraient pu prétendre au brassard. Mais Bruno Metsu, le sélectionneur français des Lions, avait fait son choix bien avant la Coupe du monde. Il savait qu’il pouvait miser sur les qualités humaines de son milieu de terrain.

Parfois présenté comme un homme réservé, l’actuel sélectionneur était, sur le terrain, le parfait complément de Bruno Metsu. « Ils avaient deux caractères différents. Le coach était plus cool, plus déconneur, tout en étant exigeant, se souvient Alassane Ndour, âgé de 20 ans en 2002. Aliou parle peu, du moins en dehors du terrain. Car quand il était sur la pelouse, on l’entendait. C’était un aboyeur, un leader. Pour moi, c’était un coéquipier important car il m’a fait progresser. »

Etat d’esprit « irréprochable »

Cette proximité avec les plus jeunes ne surprend pas Jean-Michel Cavalli, qui a croisé deux fois Aliou Cissé dans sa carrière d’entraîneur. A Lille d’abord, où le jeune Sénégalais a effectué sa formation, puis à Nîmes, son dernier club (2008-2009). « J’étais arrivé en cours de saison, Aliou jouait peu. Mais il m’avait dit qu’il souhaitait rester à Nîmes, que je pouvais compter sur lui, raconte l’ancien entraîneur de l’Algérie, du WAC Casablanca ou du MC Oran. Quand il ne jouait pas avec l’équipe de Ligue 2, il partait avec la réserve. Il s’impliquait, parlait, conseillait. Son état d’esprit était irréprochable. »

Capitaine des Lions à une époque où les fortes personnalités se bousculent, Aliou Cissé a toujours tenu son rôle avec rigueur. Quand tout allait bien, mais aussi lorsque des tensions surgissaient dans le quotidien de la sélection. « Parfois c’était chaud. Il y avait un conseil des joueurs qui se réunissait pour trancher. Aliou avait une voix prépondérante. Car Bruno Metsu savait qu’il y avait de forts caractères, beaucoup d’orgueil dans son effectif. Aliou est à la base quelqu’un de calme, de posé, mais je peux vous assurer qu’il savait hausser le ton et se faire entendre », se remémore Ferdinand Coly.

Avant de remplacer Alain Giresse sur le banc sénégalais en février 2015, Aliou Cissé a dirigé les moins de 23 ans de son pays. Aujourd’hui sélectionneur d’une des meilleures équipes africaines, il compte sur un groupe plutôt expérimenté mais rajeuni par la présence de Moussa Wagué (19 ans), Ismaïla Sarr (20 ans), Mbaye Niang ou Keita Baldé (23 ans). « Il fait confiance en fonction des performances, pas de l’âge. S’il estime qu’un joueur de 19 ans apportera plus qu’un type plus vieux, il choisira le premier. S’il faut responsabiliser un gamin, il n’hésitera pas », assure Ferdinand Coly.