Lewis Hamilton remporte le Grand Prix de France, le 24 juin au Castellet (Var), devant Max Verstappen, à sa droite, et Kimi Räikkönen. / GERARD JULIEN / AFP

Mission accomplie. Le Grand Prix de Formule 1 a réussi son retour en France après dix ans d’absence, dimanche 24 juin, devant des tribunes combles. 65 000 personnes enthousiastes, arrivées tôt le matin, ont assisté à la victoire du champion en titre Lewis Hamilton (Mercedes) à l’issue d’une course animée, marquée par deux accrochages dès le premier tour : entre le Finlandais Valtteri Bottas (Mercedes) et l’Allemand Sebastian Vettel (Ferrari) d’une part ; entre Pierre Gasly (Toro Rosso) et Esteban Ocon (Force India) d’autre part. Seul Français encore en piste, Romain Grosjean (Haas) termine aux portes des points. Un résultat tricolore décevant dans un bilan globalement positif. C’est un des rares des améliorations à apporter à la prochaine édition.

Pierre Gasly et Esteban Ocon devaient être les héros de leur premier Grand Prix à domicile. « Je préparais cette course depuis très longtemps. (…) J’attendais ce retour de la F1 en France devant tous ces fans. C’est minable… », a déclaré à chaud Esteban Ocon dans la zone mixte après son abandon, avant de régler ses comptes avec ses compatriotes. « Je suis surtout énervé contre Romain [Grosjean, qui lui a mis un] coup de roue sans aucune raison », s’est plaint le natif d’Evreux (Eure). « Je n’en veux pas vraiment à Pierre [Gasly] car j’aurais peut-être été quand même obligé d’abandonner avant qu’il ne me percute. » Reconnu fautif par les commissaires de course et pénalisé de 5 secondes, Romain Grosjean a répliqué à Esteban Ocon par point presse interposé : « Qu’il apprenne avant de parler, sérieusement. » Le pilote Haas n’a toujours pas inscrit de point au championnat cette année.

Course à rebondissements

La course a ensuite tenu toutes ses promesses malgré une météo menaçante mais finalement ensoleillée. Le circuit Paul-Ricard, unique de par son revêtement de « grip » – adhérence – de différentes couleurs, s’est révélé spectaculaire. Peut-être parce que, hypersécurisé, il autorise toutes les audaces.

Ainsi, lors du premier accrochage, Sebastian Vettel a manqué son freinage et touché Valtteri Bottas, qui est sorti de la piste. Reconnu fautif, l’Allemand de Ferrari, lui aussi pénalisé de 5 secondes, est reparti des stands à la 11e place, gratifiant du coup la course d’une « remontada » riche en dépassements osés jusqu’à la 5e place. Au final, Lewis Hamilton, qui abordait le Paul-Ricard avec un seul point de retard sur Sebastian Vettel, reprend la tête du classement général des pilotes.

Kimi Raikkonen (Ferrari) termine 3e du Grand prix de France du 24 juin. / JEAN-PAUL PELISSIER / REUTERS

Le public au rendez-vous

Le public a apprécié. Il s’était déplacé en masse ce week-end, ce qui n’était pas acquis : 1 000 scolaires jeudi, 30 000 personnes vendredi, 50 000 samedi et 65 000 dimanche. « Ici on aime la bagnole », avait prévenu un journaliste local. De vrais fans, effectivement, prêts à débourser 540 euros pour un pass trois jours ou « à partir de 499 euros » en tribune Or, face à la ligne de départ.

De son côté, le Groupement d’intérêt public (GIP) organisateur et promoteur de l’événement, n’avait, il est vrai pas lésiné pour attirer le chaland. Ce n’est pas à une course mais à trois jours de festivités auxquelles il était convié, entre les courses de Formule 2 et de GP3 le premier jour, les courses de voitures anciennes (samedi) en plus des essais et qualification en F1.

Hors course, plusieurs attractions ont ponctué le dimanche, comme la démonstration de l’hélicoptère Caïman, la prestation de l’homme volant Franky Zapata, la parade, la fanfare militaire, le concert de David Guetta, le show de la patrouille de France – au-dessus de l’aérodrome qui jouxte la piste, mais dos aux tribunes de prestige, d’où les sifflets et les « Remboursés ! » qui ont fusés des gradins. Et pour faire un break avaient été montés pour le week-end, un « village » provençal avec dégustation de produits locaux, un boulodrome, des simulateurs de conduite eSport, des stands de changement de pneus, une salle de cinéma 3D, une fête foraine…

Le pilote Toro Rosso Pierre Gasly, encore heureux, dimanche 24 juin dans le village du circuit accompagné de sa "poupée", avant la course et son abandon au premier tour. / TWITTER

Embouteillages

Revers de la médaille, d’importants embouteillages se sont formés, essentiellement vendredi, déchaînant la fureur et l’agressivité des réseaux sociaux. Les organisateurs ont été pris de cours par l’afflux des voitures (30 000 personnes pour 15 000 attendues) un jour d’avant week-end qui connaît déjà un important « flux routier bureau-domicile », selon Christian Estrosi, président du GIP et maire de Nice. Le tout sur un réseau routier esthétiquement superbe, entre montagne de la Sainte-Baume et vue sur la baie de La Ciotat, mais réduit à trois départementales sinueuses grimpant jusqu’au plateau du Castellet. La préfecture a réagi, mais tardivement, en mettant un tronçon en double file.

Samedi, la circulation était mieux régulée, même si le départ en soirée a encore été compliqué. Dimanche, la leçon était retenue, les premiers spectateurs arrivant dès 7 heures du matin, en moto, scooter, à pied, voire en vélo. Un étalement escompté au retour, même si le concert de David Guetta, qui devait retenir une partie du public, a été perturbé par une forte averse. « C’est une énorme machine, avec un gros niveau d’exigence », commente Jean-Claude, 52 ans, un des 1 500 temporaires embauchés pour l’occasion.

« L’Autriche, c’est dans cinq jours »

La circulation restera le principal point pratique à améliorer pour la prochaine édition, mais également à relativiser. A titre de comparaison, les quelque 250 000 personnes venues assister aux 24 Heures le 17 juin n’ont pas bronché alors qu’il fallait compter une heure quinze simplement pour sortir de l’enceinte du circuit – ils ont l’habitude.

Le GIP a quelques mois devant lui pour rectifier ses « erreurs de jeunesse ». Teams et pilotes en revanche n’ont pas le temps de s’appesantir. « L’Autriche c’est dans cinq jours », rappelait le pilote McLaren Fernando Alonso pour se motiver après sa prestation décevante (abandon). Pierre Gasly et Esteban Ocon doivent eux aussi se concentrer sur la prochaine manche. « On va vite passer à autre chose, tente Esteban Ocon. Mais le cœur n’y est pas. Après, c’est sûr qu’il n’y a qu’un seul Grand Prix de France par an... »

Classement du GP de France

Classement général du Grand Prix de France, 8e manche du Championnat :

1. Lewis Hamilton (GBR/Mercedes).
2. Max Verstappen (NED/Red Bull-Renault).
3. Kimi Räikkönen (FIN/Ferrari).
4. Daniel Ricciardo (AUS/Red Bull-Renault).
5. Sebastian Vettel (GER/Ferrari).
6. Kevin Magnussen (DEN/Haas-Ferrari).
7. Valtteri Bottas (FIN/Mercedes).
8. Carlos Sainz Jr (ESP/Renault).
9. Nico Hülkenberg (GER/Renault).
10. Charles Leclerc (MON/Sauber-Ferrari).
11. Romain Grosjean (FRA/Haas-Ferrari).
12. Stoffel Vandoorne (BEL/McLaren-Renault).
13. Marcus Ericsson (SWE/Sauber-Ferrari).
14. Brendon Hartley (NZL/Toro Rosso-Honda).
15. Sergey Sirotkin (RUS/Williams-Mercedes).
16. Fernando Alonso (ESP/McLaren-Renault), abandon 50e tour.
17. Lance Stroll (CAN/Williams-Mercedes), abandon 48e tour.

Abandons :
Esteban Ocon (FRA/orce India), 1er tour.
Pierre Gasly (FRA/Toro Rosso-Honda) 1er tour.
Sergio Pérez (MEX/Force India): 28e tour.