Le porte-conteneurs « Maerks », à proximité du port de Pozzallo, sur la côte sud de la Sicile, avec une centaine de migrants à son bord, le 25 juin. / Salvatore Cavalli / AP

La confusion règne en mer Méditerranée. Les opérations de secours de plusieurs navires humanitaires ou commerciaux sont en suspens, dans l’attente de solutions. L’Italie, qui refuse, désormais, l’accès de ses ports aux ONG internationales, les a sommées, dimanche 24 juin, de ne plus intervenir dans le sauvetage de migrants et de laisser les garde-côtes libyens se charger de cette tâche.

  • Le « Lifeline » bloqué avec 234 migrants

Le Lifeline, de l’ONG allemande du même nom, se trouve dans les eaux internationales à environ 30 milles nautiques des côtes maltaises avec 234 migrants qu’il a recueillis mercredi à son bord, dont quatorze femmes et quatre enfants de moins de trois ans, selon le cofondateur de l’ONG, Axel Steier.

Le navire, qui bat pavillon néerlandais, s’est ainsi vu refuser l’autorisation d’accoster dans un port italien par les autorités italiennes qui lui ont demandé de s’adresser à la Libye. Un courriel adressé par le Lifeline aux garde-côtes libyens est resté lettre morte et, selon Axel Steier, il est peu probable qu’ils répondent, dans la mesure où la seule possibilité pour le navire serait de se diriger vers l’île italienne de Lampedusa, au sud de la Sicile.

De son côté, l’Italie accuse l’ONG allemande Mission Lifeline, qui l’a affrété, d’avoir agi en contravention du droit international en prenant à son bord les migrants alors que les garde-côtes libyens étaient en train d’intervenir.

Le Lifeline, qui a été approvisionné en vivres et en médicaments en provenance de Malte, avait demandé, dans un premier temps, lundi, à être accueilli par la France. La ministre chargée des affaires européennes, Nathalie Loiseau, avait répondu peu après sur France 2, que c’était « à l’Italie » de prendre en charge le Lifeline, une semaine après la polémique sur l’Aquarius, refoulé par l’Italie et, finalement, accepté par l’Espagne.

Dans l’après-midi, M. Steier a dit que le bateau n’avait, finalement, pas l’intention de rejoindre un port français dans l’immédiat. « Nous voulions faire ça initialement, mais à cause des conditions météo, ce n’est pas possible actuellement. (…) Cela ne se passera ni aujourd’hui, ni demain, ni après-demain, car la météo est mauvaise, mais pour la suite, nous maintenons cette option possible », a-t-il ajouté.

  • Le porte-conteneurs « Maersk » bloqué avec 108 migrants

Selon les gardes-côtes italiens, le porte-conteneurs danois Alexander Maersk se trouve à proximité du port de Pozzallo, sur la côte sud de la Sicile, avec à son bord 108 migrants qu’il a secourus vendredi. « Nous attendons les ordres » pour décider de la suite des opérations, a fait savoir, lundi, un responsable des garde-côtes à Pozzallo.

Le navire avait changé de cap, après avoir reçu un signal de détresse vendredi matin, a précisé Mikkel Elbek Linnet, porte-parole de Maersk Line. Il avait porté secours à 113 migrants, mais cinq d’entre eux, dont quatre enfants et une femme enceinte, ont ensuite été débarqués samedi soir.

La ministre à l’immigration et à l’intégration danoise, Inger Stjøberg, a envoyé une lettre à Matteo Salvini, le ministre de l’intérieur italien, pour lui demander d’agir afin que ces migrants ne restent pas sur le bateau. Depuis 2015, l’Alexander Maersk a participé à sept opérations de sauvetage et a accueilli des personnes à bord à trois reprises.

  • L’« Open Arms » empêché de secourir des migrants

Le navire Open Arms de l’ONG espagnole Pro Activa se trouve lui aussi dans les eaux internationales, entre 24 et 30 milles au large des côtes libyennes. L’organisation a affirmé dimanche que l’Italie avait refusé l’aide de son navire pour secourir un millier de migrants à la dérive au large de la Libye, Rome affirmant que les garde-côtes libyens allaient s’en charger.

Sa porte-parole a affirmé que l’ONG avait reçu au cours des dernières heures « sept ou huit » appels à l’aide provenant d’embarcations transportant des migrants et se trouvant au large de la Libye. Toujours, selon Pro Activa, les migrants allaient être renvoyés en Libye.

  • Le « Seefuchs », bloqué dans un port maltais

Le Seefuchs, de l’ONG allemande Sea-Eye et battant pavillon néerlandais, est amarré dans le port maltais de La Valette où sont en cours des vérifications sur son immatriculation, les autorités néerlandaises ayant affirmé qu’il ne figurait pas dans les registres navals du pays. Cette opération devrait prendre quelques jours.

  • L’« Aquarius » prêt à reprendre ses opérations de sauvetage

L’Aquarius, navire humanitaire affrété par l’ONG française SOS Méditerranée, se trouve à nouveau dans la zone de secours au large de la Libye, de retour du port de Valence, selon une porte-parole. Le 17 juin, le navire qui avait secouru 630 migrants au large de la Libye, avait accosté dans le port espagnol après les refus de l’Italie et de Malte de l’accueillir, une semaine plus tôt.