« Mission Libye, on part ! », a annoncé lundi 25 juin Matteo Salvini, le ministre de l’intérieur italien, en postant un « selfie » sur Twitter, juste avant de s’envoler pour évoquer avec les autorités du pays la question des migrants. L’ouest de la Libye est actuellement le principal point de départ pour des milliers de migrants fuyant la misère et les conflits et cherchant à se rendre en Europe.

La visite de M. Salvini, premier membre du nouveau gouvernement italien populiste à se rendre en Libye, survient au lendemain d’un sommet à seize organisé à Bruxelles sur le dossier migratoire, qui s’est achevé sans avancée concrète. Le dirigeant a par ailleurs salué dimanche l’intervention des autorités libyennes, qui ont recueilli en mer et ramené en Libye plus de 820 migrants dans la journée – près de mille selon la marine libyenne.

L’ONG espagnole Proactiva Open Arms a déclaré que l’Italie avait refusé l’aide de son navire pour secourir un millier de migrants au large de la Libye, Rome affirmant selon elle que les gardes-côtes libyens s’en chargeraient.

Les navires d’ONG empêchés d’accoster

Après le drame de l’Aquarius, ce navire affrété par l’ONG française SOS Méditerranée laissé en mer pendant plusieurs jours avec plus de 600 migrants à son bord, avant que l’Espagne n’accepte de les accueillir, Matteo Salvini a fait savoir que plus aucun navire d’ONG humanitaire ne pourrait accoster en Italie pour y débarquer des migrants recueillis en mer.

« Laissez les autorités libyennes faire leur travail de secours, de récupération et de rapatriement [des migrants] vers leur pays, comme elles l’ont fait depuis quelque temps, sans que les navires des ONG avides ne les gênent ou causent des troubles. »

« Les ports italiens sont et seront fermés à ceux qui aident les trafiquants d’être humains », a-t-il souligné, alors qu’un navire de l’ONG allemande Mission Lifeline est bloqué au large de Malte avec 239 migrants à son bord, l’Italie puis Malte lui ayant refusé l’accostage, comme ce fut le cas pour l’Aquarius.

Des migrants sauvés par l’ONG Mission Lifeline, empêchés de débarquer en Italie et à Malte. / Hermine Poschmann / AP

Dans un entretien publié lundi dans le quotidien La Repubblica, le vice-premier ministre libyen Ahmed Miitig a souligné la collaboration « décisive » entre Tripoli et le gouvernement italien. « Les trafiquants qui font venir les migrants en Italie sont pour nous des bandes criminelles dangereuses, qui ne permettent pas à la Libye de faire des pas en avant en direction d’une difficile normalisation », a-t-il souligné, appelant à l’arrêt de ce trafic, en travaillant de concert avec l’Europe.