De la fumée à Deraa, dans le sud de la Syrie. / ALAA AL-FAQIR / REUTERS

Les forces du régime ont réalisé une percée stratégique contre les rebelles dans la province méridionale de Deraa où les violences ont poussé 45 000 civils à la fuite, un exode inédit dans cette région depuis le début de la guerre en Syrie selon l’ONU.

Les forces gouvernementales ont intensifié ces derniers jours leur offensive dans le sud de la Syrie avec le soutien de la Russie pour reprendre les territoires sous contrôle rebelle depuis sept ans.

Secteur sensible puisqu’il borde la frontière avec la Jordanie et le plateau du Golan, en partie annexé par Israël, le Sud était resté relativement calme depuis un an grâce à un accord de « désescalade » négocié directement par la Russie, les États-Unis et la Jordanie.

Mais le régime, qui enchaîne les reconquêtes et contrôle désormais 65 % du territoire grâce au soutien indéfectible de son allié russe, est déterminé à reprendre l’ensemble du pays.

Les groupes rebelles contrôlent 70 % de la province de Deraa et celle voisine de Qouneitra, tandis que le régime domine la région de Soueida, la troisième de ce trio qui compose le sud syrien.

« Progression la plus importante du régime »

Dans la nuit de lundi 25 juin à mardi 26, les forces du régime ont conquis les deux localités stratégiques de Basr Al-Harir et Mlihat Al-Atach, coupant ainsi en deux les territoires rebelles dans l’est de Deraa, a annoncé l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH).

« C’est la progression la plus importante du régime en une semaine », a estimé le directeur de l’OSDH, Rami Abdel Rahmane, précisant que « le nord-est de Deraa est désormais totalement encerclé ». Une source militaire citée par la télévision d’Etat a confirmé la reconquête par l’armée des deux localités.

Le régime a souvent eu recours à cette stratégie contre des bastions rebelles, cherchant à morceler et isoler les secteurs sous contrôle des insurgés pour les affaiblir.

Au total depuis le 19 juin, 29 combattants rebelles, dont 15 à Basr Al-Harir kundi, ont été tués, tandis que 24 membres des forces du régime ont péri, selon l’OSDH. Au moins 32 civils ont, en outre, été tués dans les combats.

« Au cours des derniers jours, un très grand nombre de civils ont fui à cause des hostilités, des bombardements et des combats dans cette région », a indiqué Linda Tom, porte-parole en Syrie du bureau de coordination des affaires humanitaires de l’ONU. « Nous n’avions pas vu jusque-là un déplacement massif de cette ampleur à Deraa », a-t-elle souligné faisant état de la fuite de 45 000 habitants.

La Jordanie tire la sonnette d’alarme

Les forces du régime, soutenues par des frappes russes depuis samedi, ont visé au cours des dernières 48 heures des quartiers de la ville de Deraa, chef-lieu de la province. Mais les frappes restent, pour l’instant, essentiellement concentrées sur les zones rurales de l’est de la province.

Plus de cinq millions de Syriens, soit environ un quart de la population, sont devenus des réfugiés et des millions d’autres sont déplacés dans leur propre pays. Le pays comptait 22 millions d’habitants avant la guerre déclenchée en 2011.

La Jordanie a affirmé dimanche qu’elle n’était pas en mesure d’accueillir une nouvelle vague de réfugiés. L’ONU a averti que 750 000 civils vivant dans les zones rebelles du sud syrien étaient menacés par les opérations du régime et annoncé que des aides seraient envoyées à Deraa une fois que le feu vert des autorités syriennes aura été donné.

Idem pour l’Organisation mondiale de la santé (OMS), qui a annoncé le prochain envoi de plus de 27 tonnes de produits médicaux en cas d’approbation par Damas.

Pour éviter une offensive meurtrière, similaire à celle menée il y a quatre mois dans la Ghouta orientale aux portes de Damas, la Russie tient des discussions avec la Syrie, la Jordanie, Israël et les États-Unis en vue d’un règlement dans le sud du pays.