L’unité de recyclage de panneaux photovoltaïques de Veolia, à Rousset (Bouches-du-Rhône), le 25 juin. / JEAN-PAUL PELISSIER / REUTERS

Ce n’est qu’un atelier avec une poignée d’ouvriers s’affairant aux derniers réglages avant son inauguration, le 5 juillet, au sein du site de Rousset (Bouches-du-Rhône). Des membres du gouvernement ont été invités, y compris le ministre de la transition écologique, Nicolas Hulot. Mais pour Veolia, cette ligne consacrée au recyclage des panneaux photovoltaïques est la promesse d’une activité appelée à un fort développement dans les prochaines décennies, à mesure que les fermes solaires devront changer des équipements arrivés en fin de vie.

Ce nouveau « business » est développé par Triade Electronique, la filiale de recyclage et de valorisation des équipements électriques et électroniques (D3E) de Veolia lancée en 2006 lors de l’entrée en vigueur de la directive européenne de 2002 obligeant les fabriquants à recycler ce type de produits.

En 2017, la filiale de Veolia a passé un contrat de quatre ans avec PV Cycle, l’éco-organisme à but non lucratif créé par l’industrie photovoltaïque pour collecter et recycler les panneaux de tous types (silicium, couches minces...). Objectif de ce partenariat : traiter ces équipements selon un procédé différent des modes actuels (thermique et chimique).

Une montée en puissance progressive

« C’est une technologie unique, développée durant trois ans par une entreprise européenne » , explique Gilles Carsuzaa, directeur général France de Triade, qui se refuse à donner le nom de la société dépositaire du brevet. Elle permet de retirer le cadre en aluminium avant de cisailler, broyer et cribler leurs différents éléments.

La chaine sépare plusieurs composants, envoyés à des filières spécifiques : le verre transféré chez Saint-Gobain pour en refabriquer ou finir comme abrasif ; l’aluminium, le cuivre et les résidus d’argent de la connectique recyclés par divers professionnels des métaux ; le silicium réutilisé, le plastique, jusqu’à présent envoyé en cimenterie pour y être brûlé.

La première année, 1 000 tonnes devraient être ainsi traitées. C’est une infime quantité rapportée au volume des panneaux mis en service en France (190 000 tonnes en 2016-2017) et plus encore au niveau mondial. Le tonnage traité par le site du Rousset devrait progresser de 30 % à 40 % par an pour atteindre un total de 8 000 tonnes, selon M. Carsuzaa. Un approvisionnement provenant d’un grand quart sud-est de la France, où furent installés les premiers panneaux dans les années 1990.

La durée de vie des panneaux installés étant de l’ordre de vingt-cinq ans, la montée en puissance de l’activité sera progressive. « Mais ce marché est vraiment à très fort potentiel et le taux de valorisation des matières atteindra 95 % », poursuit le patron de Triade Electronique. L’investissement de départ est modeste pour le géant Veolia : 1 million d’euros et une aide de la région de 100 000 euros dans le cadre de son appel à projets d’économie circulaire qui travaille en outre à l’insertion de travailleurs éloignés de l’emploi.

Une activité qui se veut « verte »

L’investissement devrait être rentabilisé sur quatre ans et permettre à Veolia de « capitaliser sur ce premier retour d’expérience », avant de dupliquer le process industriel dans ses filiales étrangères. La Chine, le Japon et les Etats-Unis ont des parcs géants. Le Moyen-Orient s’équipe aussi rapidement, comme l’Europe. Il faudra traiter des dizaines de millions de tonnes à l’horizon 2050, et au moins 60 000 tonnes en France.

Le taux de recyclage des panneaux est particulièrement important pour l’image de cette activité qui se veut « verte ». Il faut quatre ans pour que l’énergie nécessaire à leur fabrication soit récupérée par la production d’électricité du panneau lui-même; et autant pour que son bilan carbone soit neutre. Avec une durée de vie au moins cinq fois supérieure, le bilan du « PV » reste largement positif.