L’incompréhension de Marco Reus et Thomas Müller après l’élimination de la Mannschaft. / JEWEL SAMAD / AFP

« Je peux vous assurer qu’on ne fera pas partie des tenants du titre maudits. » Joachim Löw s’est un peu avancé lorsque, au sortir de la défaite inaugurale de sa Nationalmannschaft face au Mexique – 0-1 le 17 juin –, il avait assuré que son équipe d’Allemagne ne prendrait pas la suite des champions du monde éliminés dès la phase de groupes du tournoi suivant. Mais cette habitude du XXIe siècle commence à ressembler à une malédiction. Battue par la Corée du Sud, mercredi 27 juin, à Kazan (0-2), alors que dans le même temps la Suède écrasait le Mexique (3-0), l’Allemagne ne verra pas les huitièmes de finale. Comme trois de ses quatre prédécesseurs.

Au XXe siècle, cela n’était arrivé qu’à l’Italie en 1950 et au Brésil en 1966. Mais au tournant du XXIe siècle, la France – et pas n’importe laquelle, celle des Zidane et Henry – a inauguré cette triste statistique en ne parvenant pas à s’extirper des groupes lors du Mondial en Corée du Sud et au Japon, en 2002.

Paraissant invincibles avant la compétition – au point que leur équipementier fasse sa campagne autour de la « deuxième étoile » de champion du monde –, les Français alignaient alors le joueur le plus cher du monde (Zidane) ainsi que les meilleurs buteurs des championnats anglais (Henry), italien (Trezeguet) et français (Cissé). Mais privés de leur numéro 10, blessé, les Bleus ont coulé, battus par le Sénégal et le Danemark.

Les protégés de Roger Lemerre ont attendu huit ans avant d’être rejoints dans l’histoire. Ironiquement, ils l’ont été par leur vainqueur en finale de l’édition 2006. Figurant parmi les favoris du Mondial 2010, l’Italie avait impressionné lors des qualifications. Mais pour la Squadra Azzurra, l’une des plus vieilles équipes du tournoi (plus de 31 ans de moyenne d’âge), l’aventure sud-africaine a mal tourné. Bons derniers d’un groupe composé du Paraguay, de la Slovaquie et de la Nouvelle-Zélande, l’équipe de Marcelo Lippi s’est complètement effondrée.

« C’est de ma faute, c’est évident, assumait le sélectionneur italien après la défaite face à la Slovaquie entraînant l’élimination des siens. Si l’équipe n’a pas réussi un match aussi important, si l’équipe n’est pas capable d’exprimer ses possibilités, c’est que l’entraîneur n’a pas fait ce qu’il fallait, tactiquement, ni physiquement ni psychologiquement. »

L’Espagne abdique en même temps que son roi

Lors de l’édition suivante, c’est l’Espagne, alors tenante du trophée Jules-Rimet et double championne d’Europe en titre, qui est tombée dès la phase de groupes. Les coéquipiers de Diego Costa, figurant dans le groupe des Pays-Bas, du Chili et de l’Australie, ont été écrasés lors de leur entrée en lice par les coéquipiers de Robin Van Persie (5-1), puis éliminés dès le second match à la suite d’une piteuse défaite contre le Chili (2-0). Eux qui n’avaient plus perdu deux matchs d’affilée depuis huit ans ont cédé le trône le jour même de l’abdication du roi Juan Carlos, qui passait le relais à son fils, devenu Felipe VI.

Après sa défaite contre la Corée du Sud mercredi, l’Allemagne de Joachim Löw prend la suite de ces trois « tenants maudits ». Au cours d’une compétition où ils auront tenté 72 tirs en trois rencontres, pour seulement deux buts inscrits, les coéquipiers d’un Thomas Müller fantomatique, qui n’avaient qu’à battre les joueurs du pays du Matin calme pour s’imposer, laissent la Suède et le Mexique se hisser en quarts de finale.

Seul le Brésil, en 2006, a fait mentir ce qui est devenu le nouvel adage du football mondial, remplaçant le « à la fin, ce sont les Allemands qui gagnent » de Gary Lineker : « En Coupe du monde, le tenant du titre prend la porte dès la phase de groupe. »