Une image de l’émir du Qatar sur un immeuble de Doha, en mai 2018. / Kamran Jebreili / AP

Tous les efforts diplomatiques, notamment ceux du Koweït et des Etats-Unis, ayant échoué, le conflit entre le Qatar et ses voisins se retrouve devant la Cour internationale de justice (CIJ).

Depuis le 5 juin 2017, les Emirats, l’Arabie saoudite, Bahreïn et l’Egypte ont coupé tous leurs liens avec le Qatar, en l’accusant de soutenir des mouvements « terroristes », de se rapprocher de l’Iran et de saper la stabilité de la région. La seule frontière terrestre de la petite nation péninsulaire avait alors été fermée, sa compagnie aérienne publique interdite d’emprunter l’espace aérien des pays voisins, et ses citoyens expulsés de ces mêmes pays.

Demande de compensations financières

Le Qatar a donc saisi la CIJ, mercredi 27 juin, et lui demande d’ordonner aux Emirats « de suspendre et d’abroger immédiatement les mesures discriminatoires actuellement en vigueur », « de condamner publiquement la discrimination raciale à l’égard » des Qataris et de les rétablir « dans leurs droits ». Rejetant les accusations de soutien au terrorisme, il dénonce un « blocus » aérien, maritime et terrestre, ainsi que l’expulsion de ses citoyens par les autres pays. Il exige aussi des compensations financières de la part d’Abou Dhabi pour le préjudice qu’il estime avoir subi.

« Les EAU ont entretenu un tel environnement de haine contre le Qatar et les Qataris que des personnes aux EAU ont peur ne serait-ce que de parler à des membres de leur famille vivant au Qatar », a déclaré l’avocat du Qatar, Mohammed Abdulaziz Al-Khulaifi, devant la cour de La Haye.

En réponse, les EAU, l’Arabie saoudite, Bahreïn et l’Egypte vont eux aussi déposer plainte devant la CIJ, ont-ils annoncé, mercredi, selon des médias officiels. Ils reprochent au Qatar une violation de leur espace aérien, menaçant le trafic de l’aviation civile.

Une cour sans moyens coercitifs

Des responsables émiratis ont accusé le Qatar d’envoyer des avions de chasse pour intercepter des vols commerciaux et un hélicoptère civil émiratis dans l’espace aérien bahreïni, ce que Doha a démenti.

La procédure lancée par le Qatar a démarré mercredi, et durera trois jours. La date d’examen de la nouvelle plainte issue des autres pays n’est, en revanche, pas encore connue. La CIJ juge les différends entre Etats mais ne dispose pas de moyens coercitifs pour faire appliquer ses décisions.

Le différend remet en cause l’existence même du Conseil de coopération du Golfe qui regroupe depuis 1981 les six pétromonarchies arabes de la région.