Pour éviter toute critique sur le thème de la liberté religieuse, la loi précisera que le port de la… cagoule et du casque intégral est également interdit dans les transports publics, les écoles, les hôpitaux et les bâtiments publics. / YASSER AL-ZAYYAT / AFP

Ce sera peut-être sa seule vraie victoire politique : en 2005, le député Geert Wilders déposait, à la chambre des députés de La Haye, une proposition pour interdire le port du niqab et de la burqa dans l’espace public aux Pays-Bas. Il aura fallu treize ans (4 571 jours très exactement) et cinq gouvernements successifs pour que cette « loi Wilders » soit finalement votée par les deux assemblées.

Le Sénat l’a définitivement adoptée mardi 28 juin, à l’issue d’un vote droite contre gauche. L’un des partis de la majorité actuelle, D66 (centristes réformateurs), a continué de s’opposer au texte, alors même que celle qui sera chargée de surveiller son application, la ministre de la justice, Kajsa Ollongren, appartient à cette formation.

« Hypocrite », « lâche », « inutile »… on aura tout dit de ce texte dont le dirigeant d’extrême droite lui-même n’imaginait pas qu’il serait approuvé, notamment par le parti libéral du premier ministre Mark Rutte. Approuvé, mais nuancé, il n’aurait rien à voir, paraît-il, avec la religion mais ne viserait qu’à faciliter l’intégration des femmes et la communication dans l’espace public. Pour éviter toute critique sur le thème de la liberté religieuse – très chère à la société néerlandaise – la loi précisera que le port de la… cagoule et du casque intégral est également interdit dans les transports publics, les écoles, les hôpitaux et les bâtiments publics.

Un texte qui ne changera « pas grand-chose »

Même si six partis ont fini par rallier la proposition du PVV de M. Wilders, ils voulaient absolument éviter de focaliser les discussions sur l’islam. Un ancien ministre de la justice a toutefois osé affirmer que « la liberté religieuse doit pouvoir être limitée dans l’intérêt général ». Et le sénateur indépendant Henk ten Hoeve a bien résumé la situation en déclarant que le texte ne changerait « pas grand-chose » dans la pratique, mais délivrait le message qu’« une certaine forme de l’islam ne cadre pas avec notre société, car elle a un rôle perturbateur ».

Combien de femmes sont concernées ? Quatre cents, selon une estimation du gouvernement. Il reste cependant à savoir comment s’appliquera la législation. Les exemples français, belge ou danois ont montré la difficulté d’appliquer d’éventuelles sanctions.

La ministre néerlandaise de la justice entend, semble-t-il, demander aux institutions de régler elle-même le problème. Elle veut permettre à celles qui portent le voile intégral de « s’adapter », la police ne devant, selon Mme Ollongren, n’intervenir qu’en cas d’« escalade ». Les personnels des chemins de fer, des écoles ou du secteur de la santé seront, en tout cas, formés en quelques semaines et les usagers « informés », promet l’administration.