En 2015, un homme endormi à la frontière entre l’Italie et la France près de Menton. / Lionel Cironneau / AP

Le nombre de migrants refusés aux frontières françaises a bondi depuis 2015, notamment dans les Alpes, affirme, mercredi 27 juin, la Cimade qui s’est procuré des chiffres officiels. Dans un rapport, l’association dénonce ainsi « un détournement de la lutte antiterroriste pour contrôler la migration » au sein d’« une Europe qui s’enferme ».

Le nombre de « non-admissions » s’est élevé l’an dernier à 85 408, soit 34 % de plus qu’en 2016 (63 845 refus d’entrées), assure-t-elle sur la base des données de la police aux frontières. En 2015, année du rétablissement des contrôles aux frontières, 15 849 non-admissions avaient été prononcées.

L’essentiel de ces décisions pour 2017 concerne la frontière franco-italienne, avec 44 433 non-admissions dans les Alpes-Maritimes (+ 42 % en un an) où les migrants tentent de gagner l’Hexagone en passant par Vintimille. Dans les Hautes-Alpes, qui ont vu une route se développer via Briançon, elles ont bondi de 700 % à 1 899 au total l’an dernier.

Un phénomène comparable est perceptible en Savoie (6 036) et en Haute-Savoie (2 074), mais aussi à la frontière franco-espagnole : dans les Pyrénées-Orientales, les refus d’entrée sont passés de 26 en 2015 à 4 411 en 2017.

La « politique du pire »

La France a réintroduit les contrôles à ses frontières intérieures après les attentats djihadistes du 13 novembre 2015, qui ont fait 130 morts, et les a depuis reconduits par période de six mois, rappelle la Cimade.

Mais pour l’association, il y a là un « détournement de la lutte antiterroriste » puisque « le rétablissement des contrôles aux frontières a principalement permis une augmentation de pratiques existantes liées aux contrôles migratoires bien plus que l’identification ou l’interdiction d’entrée de personnes suspectées de terrorisme ».

Les plus concernés par les non-admissions l’an dernier ont été les Soudanais (11 000) suivis des Guinéens (5 900), des Marocains (5 372) et des Ivoiriens (5 205). La Cimade s’inquiète aussi de voir que parmi les personnes à qui la France a refusé l’accès se trouvaient, en 2017, 17 036 mineurs – dont 13 500 dans les Alpes-Maritimes.

Le rapport, publié à la veille d’un sommet difficile sur les questions migratoires qui divisent l’UE, s’inquiète de la « politique du pire » et de la « compétition entre Etats » ou chacun veut « dissuader les personnes migrantes d’entrer sur son territoire national ».

Migrants : la crise européenne expliquée en cartes
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